La Cour suprême du Brésil a dévoilé vendredi un témoignage explosif accusant le président Michel Temer et deux anciens présidents, Luiz Inacio Lula da Silva et Dilma Rousseff, d’avoir reçu l’équivalent de plusieurs millions d’euros en pots-de-vin.
Ce témoignage obtenu en échange d’une réduction de peine dans le cadre de la vaste affaire de corruption « Lava Jato » (« Lavage express ») qui secoue le pays, pose la question du maintien au pouvoir du président Temer, qui a lui-même succédé l’an dernier à Dilma Rousseff après sa destitution.
Le chef de l’Etat nie toute malversation.
Les mesures d’austérité prônées par Michel Temer sont présentées comme indispensables pour relancer l’économie d’un pays plongé dans une grave récession.
Ces révélations retentissantes proviennent des témoignages de dirigeants du groupe alimentaire JBS SA, société spécialisée dans le conditionnement de la viande qui a connu une forte croissance grâce à des acquisitions financées par des prêts à faibles taux d’intérêt de la part de la banque de développement du Brésil durant les 13 années de pouvoir du Parti des travailleurs (PT, gauche), sous les présidences de Luiz Inacio Lula da Silva et de Dilma Rousseff.
Le témoignage révélé vendredi par la Cour suprême met en cause à la fois les partis au pouvoir et les partis d’opposition. Selon ces récits, Michel Temer, du Parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB, centre), a reçu 15 millions de réals (4 millions d’euros) de dessous-de-table de JBS.
Pour l’ancien président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, la Cour suprême donne un chiffre équivalent à environ 45 millions d’euros reçus sur des comptes à l’étranger de la part de JBS, tandis que l’ex-présidente Dilma Rousseff aurait obtenu près de 27 millions d’euros, également sur des comptes à étranger.
Les deux anciens présidents se sont tous deux déclarés innocents à plusieurs reprises.
L’affaire Lava Jato tourne autour de dessous-de-table versés à des politiques, ce qui permettait aux sociétés donatrices d’obtenir des contrats dans des entreprise publiques, notamment auprès de la société pétrolière Petrobras.
Les enquêtes de la justice ont débouché sur plus de 90 inculpations d’hommes d’affaires et de politiques tandis que des dizaines d’enquêtes étaient ouvertes sur des parlementaires et sur un tiers des membres du gouvernement Temer.
Dans un discours à la nation, le président a déclaré jeudi qu’il n’avait pas l’intention de démissionner.
La Cour suprême a diffusé un enregistrement audio de Michel Temer s’entretenant avec le président de JBS, Joesley Batista.
Dans cet enregistrement, effectué en secret par Batista lors d’une visite à Temer en mars, le président semble tolérer le versement de bakchich à l’ancien président de la chambre basse du Parlement, Eduardo Cunha, l’homme qui l’an dernier a organisé la destitution de Dilma Rousseff et a été par la suite reconnu coupable de corruption.
De nombreux politiques craignent que si Eduardo Cunha devait devenir témoin, son témoignage ne mette en cause des dizaines de parlementaires et de membres de l’exécutif.
Source: Sputnik