Le département américain à la Défense dit vouloir débloquer 1.769 milliard de dollars afin de former « les forces armées irakiennes et les rebelles syriens ».
Alors que les combats les plus intenses se déroulent de part et d’autre des frontières syro-irakiennes, opposant du côté irakien les Hachd al-Chaabi à Daech et du côté syrien, l’armée syrienne à ce même groupe, avec en toile de fond, le chef du Pentagone, le général Mattis a annoncé l’octroi d’ici 2018 de 1.769 milliard de dollars d’aides en armement et en formation militaire aux » forces armées irakiennes » ainsi qu’ » aux Kurdes et aux rebelles syriens ».
Le terme « rebelle » désigne dans le discours officiel US, ceux des groupes takfiristes et wahhabites que les États-Unis arment et soutiennent depuis 2011 face à l’État et l’armée syriens.
James Mattis a d’ailleurs affirmé que 400 millions de ces 1.769 milliard de dollars iront droit dans les caisses des armuriers américains pour équiper les terroristes en question de « missiles anti-blindés, anti-avion, d’unités d’artillerie, de véhicules blindés ».
Le plan que propose Mattis prévoit la formation de 25000 miliciens kurdes ou liés à l’ASL, soit les deux forces qui ont prêté allégeance aux États-Unis.
Des commentateurs entrevoient à travers cette offre, un plan B pour contrer l’avancée indéfectible des forces mobilisées (volontaires) syriennes et irakiennes qui continuent à multiplier les gains face aux terroristes.
Du fait de ces mêmes avancées, Daech et d’autres groupes terroristes sont aux abois, aussi bien dans l’ouest de Mossoul que dans l’est de la Syrie, soit dans le désert syrien. Ce qui pose la question de la réelle intention des Américains dans cette affaire : l’émergence d’une armée à vocation nationale en Irak est une perspective qui terrorise les Américains.
Au regard de leurs capacités de combat, les forces de Mobilisation populaire (les Hachd al-Chaabi) pourraient servir de noyau central à cette armée nationale que les Américains ont dissoute dès l’invasion de l’Irak en 2003.
Vouloir débloquer des milliards de dollars pour former « les forces irakiennes » revient à chercher à saper la « renaissance de l’armée irakienne ».
Quant au volet syrien du plan B du général Mattis, il y est question d’abord d’assurer la survie des groupes terroristes qui agonisent depuis déjà plusieurs semaines dans la périphérie des grandes villes syriennes face à l’armée syrienne et le Hezbollah et ensuite de favoriser l’apparition dans le nord de la Syrie d’un État kurde.
Suivant le plan de Mattis, les Kurdes de FDS et YPG devraient constituer les deux principales composantes d’une armée kurde à naître.
Quelles chances de succès?
Les stratèges militaires sont loin d’être optimistes quant à la réelle portée de ce plan : aux dernières nouvelles, les Hachd al-Chaabi ont libéré un premier point de passage frontalier sur les frontières avec la Syrie et elles ont réussi, selon Al Masdar, à libérer le village d’Al Khabira dans le sud de la ville de Beaj, à la limite des frontières avec la Syrie.
De très violents combats ont poussé les daechistes à se retirer du complexe d’Al Sakar. Le site Al Masdar, relève d’ailleurs « la surprenante habilité des Hachd à mener des combats en plein désert », ce qui est un plus pour eux, face aux terroristes.
De l’autre bout des frontières, soit dans la périphérie de Palmyre, l’armée syrienne et les combattants du Hezbollah, continuent à avancer vers le point de passage frontalier d’Al Tanf qui relie le territoire syrien au sol irakien, et ce malgré les mises en garde lancées par les forces US déployées dans cette région.
Signe des temps, le chef d’état-major de l’armée jordanienne a démenti jeudi et de façon la plus catégorique « les intentions attribuées à l’armée jordanienne de vouloir envahir le territoire syrien ». Ce démenti cadre mal avec d’intenses agissements de troupes de ces dernières semaines sur les frontières sud de la Syrie avec la Jordanie.
Boosté par les États-Unis et la Grande-Bretagne, le royaume qui avait décidé d’attaquer le sud de la Syrie pour y créer une zone tampon, en serait désormais à réviser ses plans: toute action militaire contre le Sud syrien se trouvera heurtée à la réaction rapide des forces syriennes et du Hezbollah.
Source: PressTV