Les États-Unis jettent leur filet sur la partie de désert située entre l’Irak, la Syrie, l’Arabie Saoudite et la Jordanie pour installer des bases militaires et des structures de pouvoir, qui leur permettront d’assurer une influence majeure dans la région.
Une partie du plan est de développer des forces proxy sunnites qui maintiendront les forces gouvernementales syriennes et irakiennes hors de la région. Une autre partie consiste à privatiser une infrastructure importante pour la maintenir sous le contrôle direct des États-Unis.
La privatisation de l’autoroute irakienne 1 qui relie Bagdad à la capitale jordanienne, Amman, est un point clé de ce plan.
Selon le New York Times :
Dans le cadre d’un effort américain visant à promouvoir le développement économique en Irak et à continuer d’assurer une influence dans un pays qui persiste à lutter contre l’État islamique, le gouvernement américain a aidé à négocier un accord entre l’Irak et Olive Group, une société de sécurité privée, pour établir et sécuriser la première autoroute à péage du pays.
La carte montre l’autoroute 1 qui va de Bagdad à Amman. Notez la jonction à l’est de la frontière entre la Jordanie et l’Irak. Là, la route se divise et une branche va vers le nord-ouest, en direction de Damas. Le point où cette route traverse la frontière entre l’Irak et la Syrie est la station frontalière d’al-Tanf, actuellement occupée par les forces américaines et leurs auxiliaires britanniques et norvégiens, ainsi que des « rebelles »syriens sous le contrôle des États-Unis.
Les États-Unis ont récemment bombardé un convoi de forces syriennes et irakiennes qui se dirigeaient vers cette région. Les militaires états-uniens ont largué des tracts sur les troupes syriennes pour leur ordonner de rester loin de leur propre frontière. Mais bon sang, pour qui se prennent ces soldats américains ? Quelle est la justification à leur présence en ce lieu ? De nombreuses troupes irakiennes et syriennes se dirigent maintenant vers Al-Tanf, par les deux côtés de la frontière, pour expulser les occupants. L’Irak, la Syrie, l’Iran et la Russie ont convenu qu’aucun poste américain ne sera toléré là-bas. Les États-Unis et les autres troupes étrangères se retireront volontairement d’al-Tanf ou seront éliminés par la force.
L’autoroute 1 et sa branche vers Damas est la liaison économique la plus importante entre la Syrie et la Jordanie à l’ouest, et entre l’Irak et au-delà à l’est. Celui qui la contrôle, contrôle une grande partie du commerce entre ces pays. L’Irak est un pays riche en ressources. Bien qu’il subisse de sérieuses contraintes économiques, après des décennies de sanctions américaines et de guerre contre les forces américaines et leurs forces proxy takfiristes, il n’a pas le besoin de louer une telle infrastructure majeure.
Néanmoins, le gouvernement irakien actuel du Premier ministre al-Abadi a signé un accord préliminaire pour un contrat de 25 ans avec la société américaine :
Abadi a confié le projet de développement à Olive Group, bien que les détails finaux soient encore en cours d’élaboration. Le projet comprendrait la réparation des ponts dans la province d’Anbar occidentale; la rénovation de la route, connue sous le nom de route 1; la construction de stations-service, d’aires de repos et de cafés en bordure de route. Il inclurait également une sécurité mobile, fournie par des entrepreneurs privés, pour les convois utilisant l’autoroute.
Abadi est maintenant sous la pression de la majorité chiite, qui l’a élu au pouvoir, pour qu’il renonce au contrat. Il est évident que l’affaire n’est pas dans leur intérêt ni celle du pays.
Selon des diplomates américains, un des objectifs de l’accord est :
Repousser l’influence de l’Iran chiite, dont le pouvoir croissant en Irak a alarmé d’importants alliés sunnites des États-Unis, comme l’Arabie Saoudite et la Turquie.
L’Iran n’a rien à voir avec cette route. C’est la majorité chiite d’Irak qui bénéficiera le plus de la circulation et du commerce sur cette route.
La Turquie et l’Arabie saoudite ont lancé l’insurrection sunnite en Irak, dont EI n’est que la dernière incarnation. Permettre aux États-Unis de contrôler la route et, par conséquent, la province d’Anbar au nom de la Turquie et de l’Arabie saoudite, garantirait que les futures insurrections sunnites puissent menacer Bagdad, chaque fois que cela sera «nécessaire ».
Rappelez-vous simplement comment Obama a dit qu’il utilisait EI pour faire virer le premier ministre de l’époque, Maliki. Le président a ajouté que la raison pour laquelle « … nous n’avons tout simplement pas commencé à bombarder EI en Irak dès son entrée en jeu, est que cela aurait diminué la pression sur le premier ministre, Nuri Kamal al-Maliki».
Avec l’ouest de l’Irak et le sud-est de la Syrie contrôlés par les États-Unis, c’est une autoroute qui s’ouvre aux mécréants saoudiens en direction de Bagdad et Damas. Ce serait une incarnation de la «principauté salafiste » que les États-Unis et les autres partisans d’EI souhaitent depuis au moins 2012.
(…)
Par Moon of Alabama
Source : le Saker Francophone