Le Qatar a appelé ce mardi à « un dialogue ouvert et honnête » pour sortir de la crise diplomatique avec l’Arabie Saoudite et ses alliés.
Dans un discours diffusé par la chaîne de télévision qatarie Al Jazeera, le chef de la diplomatie de l’émirat, Mohammed bin Abdul Rahman, a assuré qu’il n’y aura pas « d’escalade » de la part du Qatar, allié de longue date des Etats-Unis, comme l’Arabie saoudite.
« Notre relation avec les Etats-Unis est stratégique », a-t-il insisté: Il y a des choses sur lesquelles nous ne sommes pas d’accord, mais les secteurs dans lesquels nous coopérons sont plus nombreux que ceux dans lesquels nous divergeons ».
Abou Dhabi veut des « garanties »
La réponse ne s’est pas fait attendre. Le ministre d’Etat émirati aux Affaires étrangères Anwar Gargash a réclamé « une feuille de route avec des garanties » pour pouvoir reprendre langue avec Doha.
« Il faut rétablir la confiance après la rupture des engagements pris auparavant. Il faut une feuille de route avec des garanties », a écrit Gargash sur son compte Twitter, soulignant qu’après la crise de 2014, « il est nécessaire de définir un cadre d’avenir pour consolider la sécurité et la stabilité dans la région ».
Le ministre n’a pas précisé la nature des garanties exigées.
Efforts diplomatiques d’Erdogan
Pendant ce temps, le président turc Recep Tayyip Erdogan, un proche allié du Qatar, a entrepris « des efforts diplomatiques » pour tenter de résoudre la crise, a indiqué ce mardi son porte-parole.
« Le président Erdogan a lancé des efforts diplomatiques pour résoudre cette
dispute entre amis et frères, dans l’esprit de ce mois sacré du ramadan », a
déclaré le porte-parole de la présidence turque Ibrahim Kalin dans un
communiqué.
Il a affirmé que la Turquie était prête à « assumer ses responsabilités dans
les prochains jours et semaines » pour faciliter un règlement, exhortant les
pays du Golfe à résoudre leurs problèmes par « les négociations, le dialogue et
la communication ».
Selon l’agence de presse progouvernementale Anadolu, Erdogan s’est
entretenu lundi au téléphone avec l’émir du Qatar cheikh Tamim ben Hamad
Al-Thani, le roi Salmane d’Arabie saoudite, l’émir du Koweït cheikh Sabah
al-Ahmad Al-Sabah et le président russe Vladimir Poutine.
Appels au dialogue
Des appels au dialogue ont été lancés aussi l’Iran et l’Algérie. Les chefs de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif et russe Sergueï Lavrov se sont entretenus séparément avec leur homologue qatari. Les présidents turc Recep Tayyip Erdogan et russe Vladimir Poutine ont aussi appelé « à des solutions de compromis ».
L’émir du Koweït, seul membre du Conseil de coopération du Golfe (CCG) avec Oman à ne pas avoir rejoint ce mouvement de rupture, avait reçu lundi un émissaire du roi saoudien Salmane avant d’appeler l’émir du Qatar pour l' »exhorter à la retenue ».
Abdul Rahman a précisé mardi que l’émir du Koweit, Sheikh al-Sabah, avait notamment demandé à son homologue qatari, sheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, de repousser son discours prévu le même jour.
Alliée à la fois de Ryad et de Doha, Washington avait invité les pays du Golfe à rester « unis » lundi.
Suspension de vols qataris
En réaction à la suspension de vols vers Doha, Qatar Airways a annoncé avoir suspendu sine die tous ses vols vers l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, Bahreïn et l’Egypte.
Dans un communiqué publié sur son site internet, la compagnie qatarie
précise que la suspension des vols vers les quatre pays sera en vigueur
« jusqu’à nouvel ordre ». Dans un premier temps, elle avait annoncé une
suspension de vols lundi jusqu’à 23H59 GMT.
Elle indique aux clients affectés par la suspension des vols qu’ils peuvent
soit se faire rembourser leurs billets soit réserver des places vers d’autres
destinations.
En Arabie saoudite, une file d’une vingtaine de personnes s’est formée
mardi matin devant les bureaux de Qatar Airways à Ryad. « Tous les vols ont été
annulés », se lamente un ressortissant indonésien, Marsudi.
Source: AFP