Pyongyang s’est félicité vendredi de l’essai réussi d’un nouveau missile de croisière sol-mer destiné à frapper tout bâtiment « ennemi » qui menacerait la Corée du Nord.
Le test de jeudi, le cinquième en un mois, a été supervisé par le dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un, a rapporté l’agence officielle KCNA. Il survient moins d’une semaine après un durcissement supplémentaire des sanctions internationales contre Pyongyang en représailles à ses récents tirs d’engins balistiques.
« Les missiles de croisière lancés ont détecté avec exactitude des cibles flottantes en mer orientale de Corée », a déclaré KCNA, en référence au nom nord-coréen de la mer du Japon où des porte-avions américains ont mené des manoeuvres navales la semaine dernière.
L’USS Carl Vinson et l’USS Ronald Reagan ont pris la tête de ces trois jours exercices achevés le 3 juin, et auxquels ont participé une dizaine de bâtiments américains et deux vaisseaux japonais, démonstration de force visant la Corée du Nord.
Les Etats-Unis montrent de plus en plus leurs muscles dans la région, avec en particulier, l’arrivée mardi au port de Busan du sous-marin nucléaire USS Cheyenne, un bâtiment de 6.900 tonnes dont le port d’attache est Pearl Harbour.
Depuis l’arrivée au pouvoir du nouveau président sud-coréen Moon Jae-in, le Nord a mené trois tirs de missiles balistiques, un essai de missile sol-air et désormais un test de missiles de croisière.
Ces engins de courte portée ont parcouru environ 200 kilomètres à une altitude de deux kilomètres avant de s’abîmer en mer du Japon. C’est un progrès par rapport à un essai de 2015, lors qu’un missile sol-mer avait parcouru une centaine de kilomètres seulement, a relevé Shin Jong-Woo, analyste du Korea Defence Forum.
« C’est un nouveau signe des progrès significatifs dans les efforts nord-coréens pour diversifier ses missiles. Cela va représenter une menace considérable pour les marines américaine et sud-coréenne », a-t-il dit à l’AFP.
– Sanctions européennes –
D’après KCNA, le missile utilisé jeudi avait été exposé à l’occasion d’un défilé militaire extravagant organisé le 15 avril pour marquer la naissance du père fondateur de la Corée du Nord, Kim Il-Sung.
Toutes les armes déployées lors de cette parade militaire ont été testées au cours du mois écoulé, à l’exception d’un engin qui semblait être un missile balistique intercontinental (ICBM), a rapporté l’agence sud-coréenne Yonhap.
Pyongyang a procédé à des dizaines de tirs de missiles et à deux essais nucléaires depuis le début 2016. Le Nord cherche à mettre au point un ICBM capable de porter le feu nucléaire sur le continent américain, ce qui, selon le président américain Donald Trump, « n’arrivera pas ».
Moon avait prôné une forme de dialogue avec son voisin reclus et imprévisible mais a durci le ton avec les derniers tirs de missiles.
Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté à l’unanimité voici une semaine un nouveau texte sanctionnant une petite vingtaine de responsables et entités nord-coréens.
L’Union européenne a allongé jeudi sa liste des personnes et entités visées par des sanctions pour s’y conformer. Des diplomates des Nations unies ont dénoncé les derniers tirs comme une nouvelle provocation mais aucune réunion du Conseil de sécurité de l’ONU n’est prévue dans l’immédiat.
Les essais de missiles de croisière ne violent pas les résolutions de l’ONU qui concernent la technologie des missiles balistiques, selon Lee Il-Woo, analyste du réseau Korea Defence. Les missiles de croisière « sont bien plus lents que les missiles balistiques et peuvent être abattus par des canons anti-aériens ».
« La Corée du Nord procède à des provocations soigneusement calibrées. Elle s’abstient de mener des essais d’ICBM qui pourraient déboucher sur des représailles militaires » américaines, a jugé l’analyste.
Source: AFP