La justice britannique a refusé lundi de suspendre les ventes d’armes du Royaume-Uni à l’Arabie saoudite, rejetant une requête présentée par une ONG militant contre le commerce des armes, qui a fait appel.
Les juges de la Haute Cour de Londres ont affirmé que les preuves qui leur avaient été présentées « soutiennent la conclusion que la décision du secrétaire d’État au commerce international (Liam Fox, ndlr) de ne pas suspendre ou résilier les ventes d’armes à l’Arabie saoudite est logique ».
Ces preuves n’ont pas été rendues publiques pour des raisons de sécurité nationale.
L’organisation Campaign Against Arms Trade (CAAT) avait saisi la justice, estimant que les ventes britanniques de bombes et d’avions de chasse à l’Arabie saoudite, engagée dans une coalition militaire au Yémen, étaient illégales.
Le Yémen est ravagé par plus de deux ans de guerre entre les forces progouvernementales soutenues par une coalition arabe conduite par l’Arabie saoudite, et les rebelles chiites houthis soutenus par l’Iran.
L’ONG avait attaqué en justice la décision du secrétaire d’État britannique au commerce international de maintenir les exportations d’équipements militaires à ces pays.
D’après la CAAT, plus de 10.000 personnes ont été tuées depuis 2015 par l’intervention de la coalition emmenée par Riyad. Selon elle, le gouvernement britannique s’est rendu coupable de « violations graves et répétées » du droit humanitaire international en fournissant des armes à cette coalition.
Lors d’une audience en février, l’avocat de la CAAT avait indiqué que le gouvernement britannique avait poursuivi ses ventes d’armes, pour un montant de 3,3 milliards de livres (3,72 milliards d’euros), malgré la crise humanitaire engendrée par le conflit.
La CAAT a annoncé son intention de faire appel d’un jugement « pris en dépit des préoccupations mondiales concernant l’utilisation des armes contre les civils ».
Amnesty International a de son côté qualifié cette décision de « coup mortel porté aux civils yéménites », tandis que Save The Children a déclaré que les preuves contre les marchands d’armes étaient « accablantes ».
« C’est un résultat profondément décevant, qui donne le feu vert aux autorités britanniques, et potentiellement aux autres fournisseurs d’armes de l’Arabie saoudite, pour continuer à lui envoyer des armes, malgré le risque évident qu’elles soient utilisées pour commettre des violations » du droit international, a regretté James Lynch, responsable du programme sur le contrôle de l’armement chez Amnesty International.
Source: AFP