Réuni jeudi en séance plénière, le Parlement européen a adopté une résolution sur la Turquie qui appelle notamment Ankara à renoncer au contrat de construction de sa première centrale nucléaire à Akkuyu avec le groupe russe Rosatom. Sputnik a eu l’occasion de consulter des experts turcs afin qu’ils nous fassent part de leur avis sur la question.
En appelant la Turquie à renoncer à la construction d’une centrale nucléaire à Akkuyu, le Parlement européen ne fait que manifester une nouvelle fois la politique de «deux poids, deux mesures» de l’Union européenne, a déclaré à Sputnik Eyup Lütfi Sarici, chef du Centre d’information d’Akkuyu nuclear.
«Il va sans dire qu’un tel appel n’aurait tout simplement pas eu lieu si la construction de cette centrale avait associé une société européenne. […] Les Occidentaux n’ignorent pas que la Russie joue le rôle principal dans ce projet d’investissement et le digèrent très mal», a constaté l’interlocuteur de l’agence.
Selon le député du Parti de la justice et du développement turc (AKP) au pouvoir, Berat Çonkar, qui copréside la Commission parlementaire mixte pour la coopération entre la Turquie et l’Union européenne, l’appel du Parlement européen à abandonner le projet de construction de la centrale nucléaire d’Akkuyu est une démarche inamicale, voire malveillante à l’égard d’Ankara et de Moscou.
«J’y vois l’impact du lobby énergétique des pays tels que l’Allemagne et la France, car il n’y a pas eu de déclarations de ce type sur d’autres centrales nucléaires. De telles sorties ne se font que contre le projet que nous réalisons en commun avec la Russie», a constaté l’interlocuteur de Sputnik.
Et de souligner que ce genre de déclarations et d’appels n’avait aucune valeur pour la Turquie.
Le chef de l’Association internationale d’économie énergétique Gürkan Kumbaroğlu estime quant à lui que le fait que la résolution du Parlement européen ne mentionne même pas le projet franco-japonais de construction d’une centrale nucléaire au bord de la mer Noire, plus précisément dans la province turque de Sinop, prouve qu’il s’agit bel et bien d’un motif politique.
«Il s’agit d’une attaque manifeste contre la Russie et la coopération turco-russe en plein essor», a conclu M.Kumbaroğlu.
La Russie et la Turquie ont signé en 2010 un accord intergouvernemental prévoyant la construction d’une centrale nucléaire à Akkuyu. Cette centrale nucléaire, dont la première pierre a été posée en 2015, pourrait entrer en service en 2023.
La centrale nucléaire d’Akkuyu, premier site de ce genre en Turquie, sera construite dans la province de Mersin sur le littoral méditerranéen du pays. Elle comprendra quatre réacteurs VVER de conception russe de 1.200 mégawatts chacun. Le site produira près de 35.000 milliards de kWh d’électricité par an.
Source: Sputnik