La Russie a-t-elle joué pour le compte de l’Iran dans le Sud syrien? C’est ce que laisse supposer le site internet Rosbalt dans une analyse consacrée à la trêve qui est entrée en vigueur il y a deux semaines dans le sud de la Syrie.
» La presse internationale a fait très vite salué comme une avancée majeure, l’accord de cessez-le-feu russo-américain dans le sud de la Syrie, n’empêche qu’à peine quinze jours après son entrée en vigueur, le cessez-le-feu a montré ses limites. En effet, ni Damas ni Téhéran ne l’ont accepté, ce qui est après tout bien normal dans la mesure où ni l’État syrien ni l’Iran n’ont mis leur signature au bas du texte. Idem pour Israël qui après avoir jugé positive cette trêve, est revenue sur sa position en affirmant que l’accord est loin de satisfaire ses exigences sécuritaires vu qu’il ne peut contrer la présence iranienne dans le sud de la Syrie. Aussitôt après la virevolte israélienne, Washington s’est aligné sur la position de Tel-Aviv, invoquant ce même prétexte sécuritaire ».
Rosbalt poursuit: » En ce sens, la trêve annoncée à Hambourg n’a rien fait que compliquer davantage la donne sur le terrain des combats en Syrie; d’aucuns affirment même qu’il a fait éloigner un peu plus la perspective de la paix. Pour Igor Bounine, docteur en sciences politiques et président du Centre des technologies politiques, la réticence israélienne se comprend puisqu’Israël a d’abord cru que l’Iran avait été banni du Sud-ouest syrien, mais une fois le document de la trêve publié, le nom de l’Iran ne figurait nulle part, ce qui a provoqué la panique d’Israël » .
L’expert russe se penche ensuite sur de possibles réactions israéliennes à une présence iranienne dans le sud de la Syrie: « Ni Damas ni Téhéran n’ont soutenu l’accord russo-américain et cette absence de soutien en a fait un « accord en suspens ». Il est vrai que la présence de l’Iran et du Hezbollah à Deraa et dans ses environs renforce sensiblement la possibilité d’un face-à-face avec Israël. Mais est-ce un souci majeur pour Washington? Rien n’est moins sûr dans la mesure où l’heure est désormais à la lutte anti-Daech et que les parties en présence attachent peu d’importance au départ d’Assad du pouvoir. C’est le cas de la France dont le président a très clairement rejeté le départ d’Assad comme condition à une solution de la crise et semble, en cela, faire écho à la position de Donald Trump. La situation se complique surtout quand on pense qu’Assad est le président légitime et qu’il compte rester au pouvoir malgré les pressions ».
Rosbalt voit à travers toutes ces évolutions un « jeu qui profite surtout à l’Iran et à la Russie »: » Israël continue à s’opposer au cessez-le-feu dans le Sud syrien, mais que peut-il réellement faire contre le Hezbollah et l’Iran? Une action d’envergure ne semble pas faire le bon choix pour Tel-Aviv qui se limiterait à des actions sporadiques et limitées. Surtout qu’Israël n’a d’autres choix que de rester réaliste : Trump n’ira pas faire feu de tout bois en Syrie. Le président américain semble vouloir concéder la grande partie de la Syrie à Damas et à ses alliés. Ce sont de petits morceaux de territoires dans le sud et le nord de la Syrie, aux mains des Kurdes et des « rebelles » proaméricains qui intéresseraient Trump. Dans le camp d’en face, au contraire, il y a la Russie qui, au nom de cette trêve, a déployé 400 militaires dans le Sud syrien. Pour le grand bonheur de l’Iran et du Hezbollah, car Israël ne risquerait jamais de lancer une offensive d’envergure contre le sud de la Syrie quand la Russie y est présente. La partie d’échec russe dans le sud syrien a bel et bien un gagnant : l’Iran et le Hezbollah, car la vraie force d’Israël n’est ni dans son armée de terre ni dans son aviation. Cette force réside dans les lobbys pro-Israël aux États-Unis qui sont plus qu’atones dans l’ultra-compliqué dossier qu’est le dossier syrien ».
Source: Press TV