Le chef du front al-Nosra Abou Malek Al-Talli, alias Jamal Hussein Zeiniya cumule les défaites face au Hezbollah.
Son premier revers a été à Qousseir en 2013, le second dans le Qalamoune et le troisième sur la série montagneuse orientale ou l’anti Liban, en 2015. Sans compter qu’il a aussi perdu un à un les réseaux terroristes qu’il avait dépêchés ou recrutés au Liban pour terroriser les Libanais.
Conjointement avec Daech , sa milice takfiriste occupe le jurd de Aarsale depuis août 2014 , date à laquelle ils ont tous les deux livré une bataille sans merci contre une unité de l’armée libanaise, tuant un certain nombre de ses soldats et en kidnappant d’autres. Le Nosra en a exécuté quatre avant de relâcher les autres, en échange d’importantes sommes d’argent, comme il l’a fait pour les religieuses chrétiennes de Maaloula.
Amoureux de la peinture, même au fond du jurd
Selon le journal libanais al-Akhbar, avant de se consacrer à la lutte, cet homme d’une cinquantaine d’années travaillait dans l’immobilier en Syrie. Il était connu pour son amour pour la peinture qu’il n’a pas abandonné même au fin fond du jurd, mais aussi pour son caractère intempestif et colérique.
Il a adhéré à la nébuleuse salafiste wahhabite, bien avant la guerre en Syrie et a même été emprisonné dans la prison de Saydnaya , 13 années selon des proches, où il a fait la connaissance de Abou Mohammad Joulani, le prince du front al-Nosra. Il en est sorti en 2011, grâce à une amnistie présidentielle.
Le noyau d’al-Qaïda
Il a fait partie des 6 émissaires de Joulani, dépêchés sur ordre d’Abou Bakr al-Bagdadi, le chef de Daech, pour occuper la ville de Qousseir et la transformer en leur fief. Talli et deux autres dirigeants, Abou AlAyna et Abou AlBara alChami ont planté le premier noyau d’Al-Qaïda dans la province de Homs. Ils étaient soutenus par un religieux local, Abou Jandal al-Homsi, (qui a été tué ultérieurement dans l’aéroport al-Dabaa dans la province de Qousseir en 2013). C’est là-bas que les appels à rejoindre les rangs de sa milice ont commencé.
A cette époque, la plupart des miliciens appartenaient à la milice Brigade d’Al-Farouk, affiliée formellement à l’armée syrienne libre (ASL) et qui était dirigée par un officier déserteur de l’armée syrienne Abdel Razzak Tlass .
Le 23 janvier 2013 s’est déroulé l’un des attentats terroristes le plus meurtrier dans l’histoire de la Syrie : le Syrien Abou Islam Al-Chami a conduit un camion transportant 20 tonnes d’explosifs vers la caserne al-Machtal de Qousseir.
C’est à ce moment-la que le front al-Nosra a raflé le plus grand nombre d’adhérents et de partisans.
Batailles avec le Hezbollah
Trois mois plus tard, le 19 mai, le Hezbollah a lancé la bataille de Qousseir. Au bout de deux semaines, il est parvenu à l’en déloger.
Par la suite, le front al-Nosra s’est retranché dans la région du Qalamoune syrien où il a pris le contrôle de nombreux village, presque sans résistance. A l’exception de la bataille de Rankous.
C’est là-bas qu’il a édifié sa toute puissance. La plupart de ses repaires et sièges ont été installés dans la localité de Yabroud.
Ayant été désigné à la tête du Nosra, à la place d’Abou AlBara, il s’attelle à cumuler un arsenal important et de qualité à l’instar des missiles anti blindés Concors, et les missiles Grad, grâce entre autre aux armements confisqués dans les dépôts de l’armée sytrienne, dont celui de la localité de Mahine en particulier.
Talli y a imposé son diktat aux autres milices rebelles qui se sont éclipsés : les amenant à respecter le timing qu’il fixe pour frapper les sites de l’armée syrienne et les critères qu’il élabore pour se partager les butins de guerre.
C’est à cette époque qu’il a dépêché ses voitures piégées, ses kamikazes et ses missiles contre les différentes régions libanaises, avec l’aide de Daech, de la brigade Abdallah Azzam…
Mais son nom a le plus brillé lorsqu’il a kidnappé dans le Qalamoune les bonnes sœurs de Maaloula, qu’il n’a relâchées qu’en échange d’une importante rançon.
Quelques semaines après leur libération, le Hezbollah a lancé avec l’armée syrienne la bataille du Qalamoune. Là aussi, l’effondrement du Nosra s’est fait en deux semaines. Yabroud est tombée en deux jours. Depuis, ayant attroupé ses forces dans le jurd du Qalamoune, il a lancé maintes fois des batailles pour reprendre ses villages. En vain.
En 2015, le Hezbollah l’a également délogé de la série orientale des montagnes libanaises.
Traits distinctifs
Trait distinctif du front al-Nosra par rapport à son frère-ennemi Daech, avec lequel il partage la même idéologie wahhabite takfiriste : il est plus prisé sur la réalité que lui. Ayant pris conscience de l’impact négatif des scènes de mort et d’égorgement qu’il avait au début bien médiatisées via des vidéos sur la Toile, son conseil religieux a décidé de les interdire, tout en attestant qu’elles sont légitimes.
Talli s’est aussi démarqué de ses compaires du Nosra, lorsque ce dernier s’est séparé définitivement de Daech, et quand bien même les combats fratricides avaient éclaté, en gardant les liens avec le chef de Daech dans le Qalamoune, Abou Abdallah al-Iraki, avec lequel il entretenait une relation d’amitié.
Aujourd’hui, dans le jurd de Aarsale, il livre sa dernière bataille. Il a failli y mourir plusieurs fois durant ces derniers jours, indique pour al-Akhbar un chef militaire du Hezbollah, qui a aussi assuré: « Nous savons où il se trouve géographiquement ».
Humilié il devrait être dans son dernier bastion dans le jurd de Aarsale, où il ne lui reste plus beaucoup de choix : soit il périt, soit il se rend, soit il prête allégeance à Daech. Dans le premier il ne restera de lui que son cadavre. Dans le cas second, il sera surement fait prisonnier avant d’aller à l’échafaud. Et dans le troisième, il ne fera qu’attarder les deux choix précédents.
Car, après le Nosra, c’est au tour de Daech d’être délogé du jurd, une fois pour toute ! Parole du Hezbollah!