Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, c’est-à-dire ces 70 dernières années, les États-Unis étaient considérés et se présentaient constamment comme l’un des principaux leaders planétaires, jouant un rôle primordial dans les affaires internationales.
Les politiciens et les responsables de Washington ont toujours affirmé que leur tâche principale était de promouvoir et protéger l’ordre mondial ouvert que l’Amérique aurait formé avec le soutien de ses alliés après mai 1945. Selon le quotidien Nezavissimaïa gazeta.
Les responsables américains de tout bord proclament constamment être à la tête des forces qui prônent la primauté de la liberté, de la démocratie et la garantie des droits de l’homme aux quatre coins du monde. Un régime considéré par les politiciens américains comme autoritaire et non conforme aux principes démocratiques est systématiquement soumis à une critique intransigeante et à une pression directe, partout où cela est possible. Les USA s’opposaient et continuent de s’opposer par tous les moyens à l’apparition d’hégémonies régionales, c’est-à-dire de pays ayant suffisamment de forces pour dominer dans les régions de l’Eurasie ou dans certaines sphères d’influence mondiale. Cette analyse ressort de la nouvelle étude du Service de recherche du congrès (CRS) intitulée «Le rôle des USA dans le monde: l’histoire et les problèmes du Congrès».
Ce nouveau rapport est justifié par les récentes déclarations et actions du président américain Donald Trump, qui ont engendré une certaine incertitude dans la vision qu’avait l’élite américaine au pouvoir du futur rôle des USA dans le monde. Cela a provoqué de nombreux débats, qui perdurent, parmi les diplomates, les spécialistes qui élaborent les principes stratégiques des actions de Washington, les politiciens et la société américaine. Le rapport du CRS est paru le 12 juillet dernier.
Ses auteurs indiquent que certains changements dans le statut des USA en tant que leader mondial peuvent exercer une influence conséquente sur la politique étrangère, la sécurité nationale et la politique commerciale étrangère du pays formulées par le Congrès, ainsi que sur de nombreux dispositifs et programmes politiques généraux au niveau fédéral.
Le rapport stipule que certaines puissances mondiales telles que la Chine deviennent de plus en plus puissantes sur le plan économique, militaire et politique, ce qui conduit à l’affaiblissement progressif du leadership de l’Amérique dans le monde depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Ces pays ont leur propre vision de l’ordre mondial, qui ne correspond pas complètement à tous les aspects de la vision américaine. «Cela concerne avant tout Pékin, notent les analystes du CRS. C’est pourquoi les USA doivent comprendre tous les changements opérés dans la répartition globale du pouvoir et travailler avec ces pays afin d’élaborer une approche globale de la formation d’un nouvel ordre mondial où leurs préférences seraient également prises en compte».
Les analystes soulignent que l’un des aspects du débat sur le rôle des USA dans le monde du futur portera sur l’utilisation du soft power (ou «manière douce») et du hard power («manière forte») en politique étrangère et la mise au point d’approches combinant les deux de manière équilibrée. Pour Washington, le hard power ne désigne pas seulement ses forces armées mais également d’autres formes de pression sur les opposants. Alors que le soft power regroupe les méthodes de persuasion comme la diplomatie, l’aide au développement dans les pays inamicaux, le soutien des institutions internationales ainsi que l’introduction de la musique, des films, des émissions et de la littérature américains dans la culture mondiale.
Pendant la procédure d’approbation du projet de budget fédéral des USA pour 2018, le directeur du bureau de la gestion et du budget Mick Mulvaney a déclaré que le projet présenté par Trump était «un budget de hard, et non de soft power» et que sa nature «forte» était intentionnelle. «Le président veut faire clairement comprendre à nos alliés et à nos ennemis potentiels que l’administration actuelle est une administration de hard power», a déclaré Mick Mulvaney. Et de souligner que la proposition budgétaire du président prévoyait une augmentation des dépenses du Pentagone, du département de la Sécurité intérieure et du département des Anciens combattants. La part principale des fonds supplémentaires sera mise à disposition du Pentagone pour renforcer l’état opérationnel des forces américaines.
Afin de pouvoir mener des activités de longue durée et d’envergure sur des théâtres d’opérations éloignés, Washington doit déployer des contingents militaires et des unités logistiques dans les régions avancées en Europe et en Asie-Pacifique, ainsi que dans le Golfe.
En janvier, le président Trump a chargé le secrétaire à la Défense James Mattis d’élaborer une nouvelle stratégie militaire qui permettrait de créer une armée capable de remplir toutes les missions actuelles pour assurer la sécurité nationale. C’est pourquoi les congressistes devront prochainement établir dans quelle mesure le changement de rôle des USA dans le monde pourrait affecter la stratégie militaire, les tâches de l’armée et le budget de la défense. De plus, ils devront déterminer dans quelle mesure cela affectera la composition et les effectifs nécessaires des forces armées, le rapport entre les éléments d’active et de réserve, ainsi que les programmes de développement et d’achat de matériel militaire prévus ou en cours de réalisation.
Source: Sputnik