La région de Baton Rouge, capitale de la Louisiane (sud), pâtissait encore mardi d’inondations ayant fait au moins huit morts et affecté près de 40.000 maisons depuis vendredi, et qui continuaient de se diffuser.
« Nous constatons des niveaux de crue sans précédent à mesure que les eaux se déplacent vers le sud », a commenté John Bel Edwards, gouverneur de Louisiane, lors d’une conférence de presse.
Selon les autorités, près de 40.000 maisons ont été affectées par cette montée des eaux causée par de fortes pluies d’orages (jusqu’à 50 cm par endroits), et plus de 8.000 personnes ont trouvé refuge dans des centres d’hébergement.
Au total, plus de 20.000 habitants ont été secourus ou évacués.
Après le signalement d’actes de pillage dans des logements abandonnés par leurs occupants, le gouverneur a évoqué la mise en place d’un couvre-feu dès mardi soir dans les comtés submergés.
« Nous devons être de bons citoyens », a déclaré M. Edwards, à l’intention des pilleurs. « Et nous devons être de bons citoyens entre nous ».
De nombreuses municipalités ont déjà mis en place un tel couvre-feu nocturne sur leur territoire pour éviter les cambriolages mais également pour permettre aux secouristes de pouvoir mieux se déplacer de nuit.
« Je pense que c’est la meilleure façon de protéger nos habitants », a relevé Sid Gautreaux, shérif de East Baton Rouge, précisant que dix personnes avaient été arrêtées depuis lundi pour pillage.
Vingt comtés étaient déclarés mardi en état d’urgence catastrophique, contre quatre lundi. Cela permet de débloquer des moyens matériels supplémentaires, en particulier d’obtenir des financements au niveau fédéral.
« C’est une inondation historique », a commenté M. Edwards, dans un communiqué en fin d’après-midi.
Eglises, instances locales et entreprises ont également proposé d’abriter des personnes en détresse, et acceptaient des dons de nourriture, d’eau et d’autres produits de première nécessité.
Mais si les eaux ont commencé à descendre dans certaines parties de l’Etat, d’autres régions jusqu’à présent épargnées voyaient le niveau s’élever.
Les services météorologiques ont émis une quarantaine de nouvelles alertes aux crues, pour des zones du sud de la Louisiane.
‘Cajun Navy’
Les eaux ont commencé à reculer dans les parties nord et ouest de la zone inondée, tandis que d’autres régions sont toujours en situation active d’urgence, a détaillé le gouverneur.
« Beaucoup de gens souffrent toujours », dont 34.000 personnes privées d’électricité dans une période de chaleur intense et de forte humidité ce qui fait craindre le développement de moisissures, a-t-il ajouté.
La ville de Walker, située à l’est de Baton Rouge, a été particulièrement affectée.
Selon son maire Rick Ramsey, la ville de 6.000 habitants « est en aussi bonne forme qu’il est possible de l’être avec 70% de notre population inondée ».
« Nous assistons à un formidable esprit d’entraide communautaire », a-t-il déclaré à la télévision locale WAFB. « Les gens s’aident les uns les autres ».
La chaîne de télévision a également diffusé des images de la mairie de Denham Springs, toute proche, où l’eau a atteint une hauteur de près d’un mètre cinquante.
Le nombre de personnes disparues était difficile à établir à ce stade, les secouristes continuant de fouiller maisons et véhicules à la recherche d’éventuelles victimes.
Selon le chef des pompiers de Baton Rouge Ed Smith, les recherches en porte-à-porte pourraient encore durer une semaine.
Outre les secouristes professionnels, de très nombreux particuliers participaient également aux opérations de secours dans de petites embarcations, leur valant le surnom de « Cajun Navy », ou « Marine cajun » en référence à la tradition acadienne de cet Etat.
Au sein de cette « Cajun Navy », se trouvaient notamment John Booth et Austin Tupper, âgés d’une vingtaine d’années, qui ont parcouru une trentaine de kilomètres pour apporter leur aide à Gonzales, bourgade très affectée par la montée des eaux au cours des dernières 24 heures.
Grâce à leur bateau, les deux jeunes aidaient des habitants à évacuer leurs domiciles.
Source: AFP