Le déferlement de tous les protagonistes américains, russes, syriens et kurdes vers la province de Deir Ezzor soulève des questions de grandes importances. Est-il possible que cette province stratégique soit le théâtre de l’éclatement d’un clash entre eux ?
Jusqu’à présent, malgré les quelques escarmouches ici et là, ce face-à-face a été évité. On l’attendait surtout lorsque les forces gouvernementales syriennes et leur alliés ont franchi l’Euphrate, vers sa rive est. Il était évident que Les Etats-Unis voulaient faire en sorte que ce fleuve soit le tracé qui sépare les zones qu’ils convoitent avec l’aide des milices kurdes des Forces démocratiques syriennes et les zones loyalistes.
« Les Américains ont menacé qu’ils allaient bombarder les forces syriennes si elles franchissaient le fleuve mais ceci n’a pas eu d’influence sur les choix de l’armée » syrienne, a révélé un responsable syrien pour le journal libanais al-Akhbar, sous le couvert de l’anonymat.
Il semble que l‘obstination des dirigeants syriens ait porté ses fruits, et il en découle que les Américains sont plus enclins à éviter de se laisser entrainer vers une escalade contre l’armée syrienne et ses alliés. D’autant qu’une branche des FDS refuse de rentrer dans une bataille de ce genre.
Pour le journal libanais, son porte-parole Talal Sello a confié que ses forces allaient s’en tenir à respecter « ce sur quoi que les Russes et les Américains s’entendront ».
« La question est désormais entre les mains russes et américaines. Il y a des rencontres entre les deux parties afin d’endiguer toute crise qui puisse entraver la lutte contre le terrorisme », a-t-il expliqué.
Il a poursuivi : « La question de la traversée vers l’Est de l’Euphrate avait été discutée entre eux et ils avaient convenu qu’elle ne devrait pas avoir lieu. Il semble que pour le moment ils se concertent pour trouver des nouvelles formules pour délimiter les ententes ».
Des sources bien informées ont dit pour al-Akhbar que la version le plus récente de l’entente russo-américaine sur Deir Ezzor a renouvelé leur engagement d’empêcher la confrontation entre leurs alliés sur le terrain.
Ils auraient aussi convenu que chaque protagoniste s’abstienne d’empêcher l’autre protagoniste de lancer l’assaut contrôlé par Daech pour l’en déloger.
Cette entente aura donc pour conséquence d’ouvrir la voie pour une course contre la montre entre ces deux protagonistes.
Les champs d’hydrocarbures devraient être en tête des zones convoitées. Leur conquête pourrait engendre un compromis, ou tout le contraire, une grande bataille.
A noter que la province de Deir Ezzor comprend les plus grands gisements de pétrole en Syrie dont al-Tank et Al-Amr, ainsi que l’usine de gaz Koniko. Celle-ci est l’exportateur de gaz syrien le plus important du pays. Elle a fait l’objet ces derniers jours d’une polémique de part et d’autre sur sa présumée conquête, laquelle n’a pas encore été tranché.
Selon Al-Akhbar, l’essentiel de la bataille pour les forces syriennes gouvernementales devrait avoir lieu dans les régions nord-est dans le but de freiner l’avancée des FDS.