Le premier jour de la trêve, qui a été prolongé de 24 heures par la Russie pour atteindre 4 jours, les huit passages destinés à l’évacuation des civils et des miliciens sont restés vides. De même est-il pour les bus verts censés les transporter.
Une chose est sure : ces derniers sont les otages du front al-Nosra, la branche d’Al-Qaïda en Syrie, et de son allié indéfectible Ahrar al-Sham qui empêchent quiconque de quitter les lieux, sous peine d’être tué sur le champ.
Jeudi, elle a mis ses menaces à exécution , en ouvrant le feu contre un nombre d’hommes armés qui se sont aventurés pour sortir en passant par le quartier Boustane al-Qaser. Il y a eu des blessés dans leurs rangs. Et 3 soldats russes aussi ont été atteints. Depuis le début de la trêve, seuls 8 miliciens ont pu quitter Alep de l’est.
Pourtant, des appels ont été lancés à longueur de journée, via haut-parleur, de la part d’un officier de l’armé syrienne pour persuader les miliciens de sortir leur garantissant un passage sécurisé vers la province d’Idleb, fief du front al-Nosra et Cie.
L’appel du mufti de la république syrienne, cheikh Badreddine Hassoune a également été diffusé via les haut-parleurs de l’armée syrienne en appelant les rebelles et jeter les armes en échange de leur amnistie et promettant aux étrangers d’entre eux d’être hébergés en Syrie, au lieu d’être rapatriés dans leurs pays qui n’accepteront pas de les accueillir.
le Nosra sème la terreur
Rien à faire. Des dizaines de snipers du Nosra et des Ahrar al-Sham se sont disséminés à l’ouest des huit passages tirant à bout portant, soutenus par leur artillerie. Interdisant à quiconque de s’en approcher. 4 notables faisant partie de l’administration locale qui comprend les élites des quartiers est ont été tués.
Depuis une semaine, les quartiers font l’objet d’un couvre-feu imposé par ces miliciens qui ont perquisitionné une réunion qui se tenait dans le quartier Sakhour pour discuter de la sortie des miliciens. Des accrochages ont eu lieu et trois assaillants ont été abattus.
Les prémisses de divisions au sein des milices se font pressentir. Des accrochages ont eu lieu entre la petite milice « Za-l-Nouraïn » d’une part et les Ahrar al-Sham et le front al-Nosra de l’autre, dans le quartier Boustane al-Qasr pour protéger une manifestation qui s’y tenait pour réclamer de sortir des quartiers assiégés ainsi qu’une autre organisée à Ferdous, avec les mêmes revendications.
Selon Assafir, plus de mille manifestants ont fit part à la première, sachant que ce quartier a été l’un des premiers à être le théâtre de manifestations hostiles au régime en 2012.
Dans l’attente des conflits intestins
Du côté de l’armée syrienne et russe, le mot d’ordre est pour la retenue totale. Elles n’ont répliqué aucune fois aux provocations du Nosra et des Ahrar et misent sur des conflits intestins en raison du siège qu’elles imposent aux habitants.
Elles ont laissé entrer des médiateurs de la Société civile qui ont pour mission d’empêcher les extrémistes d’imposer leurs choix sur les autres.
Dans l’attente de l’assaut
Selon des sources de l’opposition syrienne, citées par Assafir, les chances de succès de la trêve sont nulles. D’autant que la direction de la coalition Jaïsh al-Fateh dans la province d’Idleb, au sud-ouest d’Alep, ne cesse de propager avoir reçu d’importantes quantités d’armements dépêchées par l’Arabie saoudite, qui l’incite à poursuivre le combat.
Elle répand aussi qu’elle prépare une bataille d’une grande envergure pour entrer dans les quartiers est d’Alep.
Interrogé sur la médiation entreprise par Ankara afin de pousser les miliciens à sortir le front al-Nosra d’Alep, cette source de l’opposition syrienne l’a qualifié de mensongère destinée à tromper les Russes pour gagner du temps dans la province nord d’Alep.
Pour sa part, Moscou fait pression sur Washington qui soutient la plupart des milices d’Alep en vue d’une séparation des miliciens modérés des autres. « Les groupes armés entravent et empêchent les civils de sortir de l’est d’Alep », a dit le chef de la diplomatie russe Serguei Lavrov, rappelant à son homologue américaine de respecter ses engagement sur « la séparation des modérés des terroristes ».
Du côté américaine, c’est toujours la source oreille. Selon John Kerry, si Damas et Moscou s’emparent de la totalité de la ville d’Alep « ceci ne changera en rien à la dynamique de la guerre ».
Lors d’une conférence de presse avec son homologue sud-coréen, Kerry a estimé que la Russie suivait « une faussée stratégie en Syrie ».
Selon lui, si les Russes respectent la trêve et suspendent le bombardement, on pourra alors travailler avec les gens sur le terrain pour séparer les vrais terroristes de ceux qui veulent respecter la trêve ».
Le Caire entre en action
Une première dans cet événement, l’Égypte est entrée action en Syrie, via l’ONU et le canal du pouvoir syrien.
Selon le journal libanais al-Akhbar, le porte-parole de son ministère des AE, Ahmad Abou Zeid a révélé que son pays effectue une médiation par le biais de la délégation égyptienne à Damas pour coordonner entre les services des Nations Unies qui sont en action en Syrie et les autorités syriennes. le but étant selon lui «d’alléger la souffrance des habitants d’Alep, d’évacuer les enfants et les vieilles personnes et faire parvenir l’aide humanitaire aux régions sinistrées ».
Abou Zeid a signalé que l’ambassade d’Egypte à Damas a obtenu le feu vert de la part du gouvernement syrien pour permettre au chargé d’affaires de l’ambassade égyptienne en Syrie de visiter Alep, pour superviser ces opérations.
Sources: rapport réalisé à partir des journaux libanais al-Akhbar et Assafir