Le président turc Recep Tayyip Erdogan a affirmé jeudi que les Etats-Unis prenaient le risque de « sacrifier » leurs relations avec la Turquie, accusant l’ambassadeur américain à Ankara d’être à l’origine des tensions actuelles entre les deux pays.
« Je le dis très clairement: c’est l’ambassadeur (américain John Bass) ici qui est à l’origine » des tensions, a-t-il déclaré.
« Il est inacceptable que les Etats-Unis sacrifient un partenaire stratégique comme la Turquie, tout cela pour un ambassadeur effronté », a ajouté M. Erdogan lors d’un discours particulièrement virulent à Ankara.
Déjà tendues depuis plusieurs mois, les relations entre la Turquie et les Etats-Unis, deux pays partenaires au sein de l’Otan, ont viré à l’orage après l’inculpation pour « espionnage », la semaine dernière, d’un employé turc du consulat américain à Istanbul.
Il est accusé par la justice turque d’être lié au prédicateur en exil aux Etats-Unis Fethullah Gülen, désigné par Ankara comme le cerveau de la tentative de coup d’Etat du 15 juillet 2016.
En réaction à son arrestation, l’ambassade des Etats-Unis a annoncé dimanche la suspension de l’essentiel des services de délivrance des visas américains en Turquie. Ankara a pris une mesure similaire.
Malgré sa colère, M. Erdogan a pris soin jusqu’ici de ne pas critiquer Donald Trump, imputant la suspension des visas à l’ambassadeur Bass, même si le département d’Etat a indiqué que la décision avait été prise « en coordination » avec le gouvernement américain.
« Si c’est l’ambassadeur à Ankara qui dirige les grands Etats-Unis d’Amérique, alors honte à vous », a insisté M. Erdogan, qualifiant la suspension des visas d' »injuste » et de « disproportionnée ».
M. Erdogan a également accusé le consulat américain à Istanbul de « cacher » un deuxième « suspect » recherché par la justice turque. La veille, l’ambassadeur américain avait démenti des informations de presse en ce sens.
Dans le même temps, endossant le rôle de pompier, le porte-parole de M. Erdogan, Ibrahim Kalin, a affirmé qu’il suffirait d' »une journée » pour résoudre les tensions actuelles et indiqué que le gouvernement turc étudiait « une proposition américaine » de sortie de crise.
Source: AFP