Les forces conjointes irakiennes ont annoncé le contrôle de la plus grande base militaire de Kirkuk,d’où elles avaient été chassées il y a trois ans au profit des combattants kurdes (peshmergas).
Il s’agit de la base du bureau de Khaled, de plus elles ont pris le contrôle du projet d’irrigation de Kirkuk , de l’aéroport de la ville et de tous les champs pétroloiers à Kirkouk.
« Les unités antiterroristes (CTS) ont accompli leur déploiement dans la base militaire K1 », qui était le siège de la 12e division de l’armée irakienne au nord-ouest de la ville de Kirkouk, a affirmé le Commandement conjoint des opérations (JOC).
En juin 2014, profitant de l’offensive éclair du groupe takfiro-wahhabite Daesh, les peshmergas avaient pris la base en humiliant les soldats irakiens, les obligeant à retirer leurs uniformes en leur jetant des dishdashas (une robe masculine, ndlr) et en confisquant leurs armes.
Elles ont également pris le contrôle de tous les bâtiments des partis kurdes à Touz Khormato, au sud de Kirkuk. Une source locale dans la province de Diyala a confirmé un retrait des forces peshmergas de Jalawlaa, au nord-est de la province.
Selon la chaine libanaise satellitaire alMayadeen, un haut responsable du ministère du pétrole irakien a confirmé que les forces irakiennes contrôlent tous les champs pétroliers irakiens et kurdes.
« Les forces irakiennes ont pris le contrôle du quartier général de la North Oil compagny (NOC) et du champ pétrolier de Baba Gargar », a affirmé le Commandement conjoint des opérations (JOC).
La NOC est la compagnie publique en charge de l’extraction et de la commercialisation du pétrole.
Les forces irakiennes ont annoncé leur soutien aux mesures pour imposer la loi à Kirkouk et dans les zones de cohabitation et ont hissé le drapeau de l’Iraq sur le bâtiment du siège du gouvernorat de Kirkouk.
Des routes et des infrastructures repris aux peshmergas
Dans la nuit de dimanche à lundi, les forces irakiennes avaient progressé dans la province de Kirkouk, affirmant avoir repris des routes et des infrastructures aux peshmergas kurdes.
Dans un communiqué publié lundi, le Commandement conjoint des opérations (JOC), qui regroupe l’ensemble des forces irakiennes engagées dans les opérations, a fait état de la progression dans l' »opération restauration de la sécurité à Kirkouk ».
Les forces ont pris le « contrôle du pont Khaled, de la route al-Ryad-Maktab Khaled, du pont Meriem Beik et de la route Rachad-Meriem Beik ». Elles contrôlent également la zone industrielle qui se trouve au sud-ouest de la ville de Kirkouk.
A cela s’ajoute selon le JOC, « une infrastructure gazière de la Northern gas company, un poste de police, une centrale électrique de Kirkouk et la raffinerie qui la jouxte ». D’après le JOC, les forces irakiennes « poursuivent leur progression ».
Ces positions se trouvent sur la route menant à la caserne K1 et les champs pétroliers tenus par les kurdes, que Bagdad entend reprendre.
Un dirigeant irakien, cité par AlManar a fait état d’une coordination de haut niveau entre les forces irakiennes et les Peshmergas.
Combats sporadiques entre troupes irakiennes et kurdes près de Kirkouk
Au milieu de la nuit, la télévision officielle a annoncé que les troupes irakiennes avaient repris « sans combat » aux peshmergas de « larges zones » de la province.
Des sources militaires des deux côtés ont ensuite rapporté des échanges de tirs de roquettes Katiousha au sud du chef-lieu de la province.
Ces combats interviennent après trois jours de face-à-face tendu entre troupes irakiennes et peshmergas kurdes et après l’expiration d’un délai supplémentaire accordé à ces derniers pour se retirer.
Depuis vendredi, les forces irakiennes avaient repris certaines bases désertées peu avant par les peshmergas.
Le Premier ministre Haider al-Abadi, qui répète depuis plusieurs jours ne pas vouloir « mener une guerre » contre les Kurdes, avait « donné des ordres aux forces armées pour faire régner la sécurité à Kirkouk en collaboration avec les habitants et les peshmergas », selon la télévision. Il a insisté sur « la protection des citoyens des différentes communautés ».
Dans un discours télévisé, dimanche soir, M.al-Abadi, a appelé les habitants de Kirkouk à coopérer avec les forces irakiennes.
À la fois multiethnique et multiconfessionnelle, la ville abrite, à part les Kurdes, une importante communauté arabe et turkmène qui sont opposées à l’indépendance du Kurdistan irakien.
‘Sécuriser les installations’
Bien que rien n’ait été filtré sur le bilan des pertes et des dégâts matériels de cette intervention qui se veut pacifique, mais certaines sources d’information kurdes parlent des échanges de tirs et d’artillerie dans le sud où se trouvent les gisements pétroliers, aux alentours de la zone industrielle de Kirkouk.
Selon les sources locales depuis Kirkouk, les peshmergas kurdes ont attaqué, ce lundi 16 octobre, une base militaire appartenant aux Unités de mobilisation populaire (Hachd al-Chaabi), située en banlieue de la cité de Taza Khormatou toujours au sud de Kirkouk.
Les affrontements sont toujours en cours dans la région, ajoutent les sources sans donner plus de détails.
Située à 20 KM au sud de Kirkouk, la base militaire al-Qaem est l’une des principales bases militaires des Hachd al-Chaabi dans la région.
La zone de Taza Khormatou, est le verrou menant vers la base militaire « K1 » et des champs pétrolifères plus au nord que les combattants kurdes avaient pris il y a trois ans, dans le chaos créé par la percée fulgurante du groupe takfiro-wahhabite Daesh.
A côté de « K1 » se trouve une raffinerie à la lisière nord-ouest de Kirkouk.
Le gouvernement a indiqué que les troupes avaient pour mission de « sécuriser les bases et les installations fédérales ».
« Les unités du contre-terrorisme (CTS), la 9e division blindée de l’armée, et la police fédérale ont repris le contrôle d’importantes zones de (la province de) Kirkouk sans combat », a indiqué un général des CTS.
Des peshmergas « se sont retirés de Tal Al-Ward (sud-ouest de Kirkouk) et de la zone industrielle dans les faubourgs de Kirkouk sans combat », a indiqué de son côté Hemin Hawrami, conseiller du président Massoud Barzani.
Le sud de la province de Kirkouk est tenu par des peshmergas affiliés à l’Union patriotique du Kurdistan (UPK), grand rival du Parti démocratique kurde (PDK) de M. Barzani, tandis que le nord l’est par les troupes du PDK.
Hawrami a dénoncé sur Twitter des « problèmes internes et des accords ambigus ».
Le vice-président kurde Kosrat Rassoul, lui-même un dirigeant de l’UPK, s’est toutefois rendu dans la nuit en tenue militaire à Kirkouk, accompagné de cohortes de peshmergas.
Quant au gouverneur Najm Eddine Karim, limogé par Bagdad mais qui refuse de quitter son poste, il a appelé les habitants à prendre les armes pour défendre leur ville.
‘Déclaration de guerre’
Les forces irakiennes se dirigeaient vers les champs de pétrole de Kirkouk, tenus par le gouvernement de Bagdad jusqu’en 2008 pour celui de Khormala et jusqu’en 2014 pour ceux de Havana et Bay Hassan.
Ces trois champs fournissent 250.000 barils par jour sur les 600.000 b/j de pétrole produits par les Kurdes, dont 550.000 b/j sont exportés par le Kurdistan irakien contre l’avis de Bagdad.
Le Kurdistan, qui traverse la plus grave crise économique de son histoire, pourrait lourdement pâtir de la perte de ces champs.
Plus tôt dimanche, le gouvernement irakien avait changé de ton en accusant les Kurdes de chercher à « déclarer la guerre » avec la présence dans la province disputée de combattants du PKK, considéré comme « terroriste » par Ankara et Washington.
Des responsables kurdes ont démenti une présence du PKK, mais l’un d’eux a reconnu qu’il y avait des « sympathisants » de cette formation à Kirkouk.
La déclaration du Conseil de sécurité irakien a été rendue publique juste après une réunion des dirigeants kurdes qui ont refusé d’annuler le référendum d’indépendance du 25 septembre comme condition à des négociations comme le réclame Bagdad.
Selon Erbil, l’Iran a en outre fermé sa frontière avec le Kurdistan, à la demande de Bagdad.
Source: Avec AlManar + AFP+ PressTV + AlAlam