« Le retour dans leur pays d’au moins 5.600 jihadistes » takfiristes résidant dans les zones contrôlées par la milice wahhabite terroriste Daech (Etat Islamique-EI) en Irak et en Syrie représente un « défi énorme pour la sécurité », souligne un rapport du centre Soufan.
« Jusqu’à présent, au moins 5.600 citoyens ou résidents de 33 pays sont rentrés chez eux. Il faut y ajouter un nombre indéterminé venant d’autres pays. Ceci représente un défi énorme pour la sécurité et pour les services de police », assure ce groupe de réflexion américain spécialisé dans les questions de sécurité.
Le califat, qu’avait proclamé en 2014 l’EI à cheval sur l’Irak et la Syrie avec une superficie égale à l’Italie, a perdu 85% de son étendue grâce à une offensive sans précédent menée par les deux armées syrienne et irakienne, aux côté des forces populaires, la première appuyée par la Russie et la seconde par les Etats-Unis.
A l’instar de son allié inconditionnel au Moyen-Orient, Washington est toutefois accusée de collusion avec Daech, laquelle devrait lui servir d’alibi pour sa politique interventionniste dans la région.
Pour Soufan, sur « la cohorte de plus de 40.000 étrangers venant de 110 pays ayant afflué pour rejoindre l’EI avant et après la proclamation du califat en juin 2014 (…), il est inévitable que certains resteront attachés à une forme de jihad violent popularisé par l’EI et al-Qaïda ».
« Il est clair aussi que quiconque veut continuer à combattre trouvera sa voie pour le faire », note le Centre.
Selon Radicalisation Awareness Network (RAN), cité dans le rapport, au moins 30% des quelque 5.000 ressortissants de l’Union européenne qui étaient partis en Syrie et en Irak sont rentrés chez eux.
Sachant que le président russe Vladimir Poutine avait fait état de 9.000 combattants ayant rejoint Daech depuis la Russie et les ex-républiques soviétiques, et dont 10% sont rentrés chez eux.
Le centre Soufan indique de son côté que c’est de Russie qu’est venu le plus grand nombre de jihadistes (3417), devant l’Arabie saoudite (3244), la Jordanie (3000), la Tunisie (2962) et la France (1910).
L’étude souligne par ailleurs le problème des femmes et enfants qui ont rejoint l’EI.
Elle relève également que la politique des gouvernements vis-à vis des jihadistes de retour aboutit généralement à l’incarcération, « qui ne fait que repousser le problème », ou à la réhabilitation et la réintégration, « mais ces programmes sont notoirement difficiles à concevoir et à faire marcher ».
Soufan tire donc une conclusion pessimiste. « La question de l’identité, le manque de confiance dans les institutions gouvernementales et dans la politique traditionnelle que l’EI a su exploiter ne sont pas prêts de disparaître », affirme-t-il.
« Ni, par conséquent, le phénomène des combattants, qu’ils rejoignent les restes de l’EI ou qu’ils s’engagent dans d’autre groupes à son image qui vont émerger ».
Source: Avec AFP