La Russie a dénoncé jeudi comme « superficiel » et « amateur » le rapport de l’ONU désignant le pouvoir syrien comme responsable de l’attaque meurtrière au gaz sarin sur Khan Cheikhoun en avril.
« Nous estimons que le rapport est très superficiel, non professionnel et amateur (…) La mission a mené son enquête à distance, rien que cela, c’est un scandale », a critiqué Mikhaïl Oulianov, responsable du département Sécurité et désarmement du ministère russe des Affaires étrangères, lors d’une conférence de presse.
« La mission a mené son enquête à distance, rien que cela, c’est un scandale », a-t-il ajouté. « Il aurait été plus honnête de reconnaître qu’il est impossible de mener une enquête dans les conditions actuelles ».
Et d’expliquer : « Il n’est pas possible qu’un appareil de l’aviation syrienne ait pu être à l’origine de l’attaque chimique à Khan Cheikhoun car il n’était pas assez proche pour pouvoir attaquer ».
« Après avoir examiné les données présentées [par l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques], je vois quelques éléments qui empêchent de conclure qu’une telle arme chimique sous la forme d’une bombe aérienne ait pu être utilisée par un Su-22 appartenant aux forces aériennes syriennes », a déclaré le représentant du ministère russe de la Défense.
M.Oulianov a également mentionné que l’OIAC n’avait pas évoqué la présence d’ailerons stabilisateurs d’une bombe, qui auraient absolument dû être trouvés si les armes chimiques avaient été larguées à partir d’un avion.
«On ne trouve nulle part dans le rapport la mention d’un stabilisateur, ce qui aurait certainement confirmé l’apparition d’un cratère comme résultat d’un largage de bombes. Les matériaux présentés ne peuvent confirmer l’utilisation d’une arme chimique telle qu’une bombe aérienne larguée d’un avion Su-22 des forces syriennes», a-t-il poursuivi.
Par ailleurs, le représentant du ministère russe de la Défense a souligné que le cratère à Khan Cheikhoun avait des contours rectangulaires, tandis qu’une bombe larguée par un avion aurait créé un cratère de forme ronde ou elliptique. L’asphalte à l’endroit où la bombe a explosé était également enfoncé profondément à l’intérieur du cratère.
«Tout ceci nous permet de conclure qu’au moment de l’explosion l’engin explosif était statique sur la surface de l’asphalte», a-t-il relaté.
Récemment, Moscou a mis son veto à un projet de résolution américain prorogeant le mandat de la mission d’enquête Onu-OIAC sur les attaques chimiques en Syrie. La Russie a également annoncé qu’elle prendrait une décision concernant le mandat après la publication des résultats de l’enquête sur l’attaque du 4 avril dernier à Khan Cheikhoun.
L’opposition syrienne a annoncé, le 4 avril, qu’une attaque aux armes chimiques avait fait 80 morts et 200 blessés à Khan Cheikhoun, dans la province d’Idlib, accusant les troupes gouvernementales syriennes d’être à l’origine de la dispersion chimique. Le commandement syrien a rejeté la responsabilité de l’incident sur les takfiristes et leurs alliés. Les autorités du pays ont rappelé qu’elles n’avaient jamais utilisé d’armes chimiques contre les civils et les terroristes et que l’arsenal chimique syrien avait été retiré du pays sous le contrôle de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC).
Avec Sputnik + AFP