Le Premier ministre libanais, Saad Hariri, a annoncé ce samedi 4 novembre, à la surprise générale, sa démission de la présidence du gouvernement.
Il a fait son annonce depuis la capitale saoudienne Riyad où il s’est rendu depuis vendredi après-midi, pour la deuxième fois en cinq jours. Détenant la nationalité saoudienne, M. Hariri est l’homme de main de l’Arabie saoudite au Liban, laquelle a du mal à admettre que l’Iran puisse rivaliser avec elle.
Même sa démission, prononcée, lors d’une allocution télévisée, a été retransmise exclusivement et en direct par la chaîne saoudienne Al-Arabiya, puis reprise par les chaines libanaises.
Iran et Hezbollah
Dans son allocution, il a fustigé violemment l’Iran et le Hezbollah, s’alignant totalement sur la politique de Riyad, qui a proclamé l’Iran comme son ennemi juré, alors qu’elle avance a grands pas vers la normalisation avec l’ennemi sioniste .
« « Là où l’Iran se trouve, il sème les zizanies et les destructions qui témoignent de ses ingérences dans les pays arabes », a dit M. Hariri,.
Selon lui, d’aucuns au Liban « ont mis leurs mains dans les mains » de l’Iran qui « tente de retirer le Liban de son entourage arabe ».
Et de poursuivre : « Je veux dire à l’Iran et à ses sujets qu’ils sont perdants et les mains qui voudront porter préjudice aux pays arabes seront coupées et le mal retournera contre son ses fauteurs. Je m’étais engagé en faveur de l’unité des Libanais et pour mettre fin aux divisions politiques et de consacrer notre mises à l’écart. J’ai essuyé bien du mal mais j’ai évité de répondre pour l’intérêt du peuple libanais ».
Avançant que « l’atmosphère actuelle ressemble à celle qui a régné lors de l’assassinat du président martyr Rafic Hariri », son père, il a prétendu qu’il faisait l’objet de tentatives d’assassinat.
« L’Iran a une mainmise sur le destin des pays de la région (…) Le Hezbollah est le bras de l’Iran non seulement au Liban mais également dans les autres pays arabes », a dénoncé M. Hariri.
Il a accusé Téhéran d’avoir « créé des dissensions parmi les enfants d’un même pays, créé un Etat dans l’Etat (…) jusqu’à avoir le dernier mot dans les affaires du Liban ».
Et « ces dernières décennies, le Hezbollah a imposé une situation de fait accompli par la force de ses armes », a poursuivi M. Hariri, qui a été déjà Premier ministre de 2009 à 2011 avant que son gouvernement ne rende l’âme après la démission des ministres du camp du Hezbollah.
« Je présente ma démission de la présidence du cabinet ministériel toute en étant sur et certain que la volonté des Libanais est plus forte et qu’ils seront capables de vaincre la tutelle de l’extérieur et de l’intérieur », a-t-il alors conclu.
Ces derniers jours, des responsables saoudiens s’en étaient violemment pris au Liban et au Hezbollah.
L’un d’entre eux, le ministre Thamer al-Sabhane a même menacé que le Liban allait traverser des jours difficiles.
Idem de la part de l’ex-général saoudien Anwar Ashki, lequel tient en main le dossier de la normalisation des relations avec l’entité sioniste: il a franchement parlé de guerre contre le Liban dans un tweet.
Dans son allocution, M. Hariri a évoqué que le sort du Yémen et dy Bahreïn pour le Liban.
Réactions
Le bureau de presse du président libanais Michel Aoun a pour sa part annoncé avoir été informé de la démission dans un appael téléphonique , indiquant que le chef de l’Etat allait attendre le retour de M. Hariri pour s’informer auprès de lui « des circonstances de la démission afin de décider de la suite ».
Quant au chef druze Walid Joumblatt, allié de longue date du courant du Futur, mais qui a pris ses distances ces dernières années, il a estimé que « le Liban est trop petit et trop vulnérable pour supporter les séquelles politiques et économiques de cette démission ».
Un autre leader druze s’est toutefois étonné que la démission soit annoncée depuis Riyad: « Pourquoi Hariri a-t-il démissionné depuis Riyad? A-t-il été assigné à résidence et poussé à la démission? », s’est-il interrogé.
Le ministre libanais de la Justice Salim Joureysati a pour sa part qualifié la démission de M. Hariri de « confuse, et suspecte dans son timing , dans son lieu , dans son moyen et dans son contenu ».
Du côté du courant du Futur, les positions semblent satisfaites. Comme c’est le cas du ministre du Travail Mohammad Kabbara.
« La démarche prise par Hariri de démissioner est courageuse et les Libanais l’ont appaludie… Elle a sabordé le projet iranien pour contrôler le Liban », a-t-il dit pour al-Mayadeen TV.
Interrogé sur les raisons pour lesquelles la démission a été annoncée depuis Riyad, il a dit ne pas avoir de données pour le moment.
Source: Divers