L’interview diffusée, depuis Ryad, avec le Premier ministre Saad Hariri n’a pas réussi à dissiper les inquiétudes des Libanais. Lors d’un entretien avec la chaîne de télévision libanaise Futur TV, sa première prise de position publique depuis sa démission choc le 4 novembre, la fatigue et l’anxiété apparues sur son visage et sa voix ont renforcé la théorie de l’assignation à résidence du Premier Ministre libanais en Arabie saoudite.
Cependant, les positions annoncées par M.Hariri, se distinguaient par un ton beaucoup plus réconciliant que lors de sa déclaration de démission forcée. Après l’échec des objectifs de la première phase du coup d’état fomenté par l’Arabie, celle-ci a manifesté la volonté de s’engager au respect du compromis en cours entre les différentes factions libanaises, à condition qu’elle introduise certaines modifications.
Créer un choc positif
Les traits tirés, s’interrompant souvent pour boire de l’eau, le chef du gouvernement a indiqué qu’il a voulu créer ‘un choc positif’ par sa démission. Il a appelé à la neutralité du Hezbollah face aux conflits dans la région.
« On ne peut pas continuer au Liban de la sorte, avec les ingérences de l’Iran, avec un mouvement politique qui pratique ces ingérences avec lui », a déclaré dimanche soir M. Hariri, en référence au Hezbollah.
Revoir sa démission
Il a toutefois indiqué qu’il pourrait « revoir sa démission » si les interventions de certains acteurs libanais dans les conflits régionaux cessaient.
Il a dans ce contexte réclamé « la non-ingérence du Hezbollah dans la guerre au Yémen ». L’Arabie accuse le Hezbollah de soutenir les Houthis qui défendent leur pays face à l’agression militaire saoudienne contre leur pays, depuis mars 2015.
Période de contemplation
A la question de savoir pourquoi il ne répondait pas aux téléphones, M.Hariri a prétendu être dans « une période de contemplation ».
Le Premier ministre a en outre fait savoir qu’il pourrait atterrir à Beyrouth « très bientôt », « dans deux ou trois jours », pour « entamer les procédures constitutionnelles nécessaires » à sa démission.
En effet, le président libanais n’a toujours pas accepté sa démission, assurant qu’il attendait de le rencontrer pour en discuter avec lui. M.Aoun avait estimé que « la liberté de M. Hariri a été restreinte » en Arabie saoudite.
« Ces circonstances font que toute position qu’il a pu prendre, qu’il va prendre, ou qui pourront lui être imputées (…) sont douteuses et ne peuvent pas être considérées comme des positions prises de son propre chef », précise le communiqué.
Un homme inconnu apparait derrière la présentatrice
Il est à noter que lors de cette interview, un homme, portant un papier, est apparu soudainement derrière la présentatrice.
L’apparition de cet homme a crée une polémique sur les réseaux sociaux. Selon la présentatrice, cet homme faisait partie de l’équipe de Hariri.
Il voulait lui dire quelque chose, qu’elle n’a pas pu entendre. Elle a évoqué une erreur technique, après que Hariri eut regardé deux fois cet homme, en lui agitant la main pour partir.
Réactions du chef de l’Etat et des dirigeants libanais
En réaction à cette interview, le président Aoun a qualifié de « positif » l’allusion de Hariri sur la possibilité de renoncer à sa démission.
Et d’ajouter: Les déclarations de Hariri montrent que l’accord politique soutenant le gouvernement de coalition est toujours en vigueur.
Le président de la Chambre, Nabih Berri, a lui aussi qualifié d’ « acte juste » la position de Hariri sur le fait de revenir sur sa décision de démission.
Des sources proches du ministère libanais des Affaires Etrangères ont indiqué que les propos de Hariri reflètent une renonciation dans les positions saoudiennes. Et d’ajouter : « Mais nous ne sommes pas surs, si Hariri sera permis de rentrer au Liban, comme a-t-il promis ».
Ces sources ont cependant assuré que « les pressions diplomatiques se poursuivront ». Et de noter : « les positions émises ces deux derniers jours indiquent que nous avons enregistré des percées ».
Dans ce contexte, le chef de la diplomatie libanaise Gebran Bassil se rendra mardi en Russie et dans plusieurs pays européens.
Avec AlManar + AlAkhbar + AFP+
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