Le président américain Donald Trump vient d’achever une tournée de 12 jours en Asie qui l’aura vu visiter le Japon, la Corée du Sud, la Chine, le Vietnam et les Philippines. C’était le plus long voyage du locataire de la Maison blanche en Asie depuis 25 ans.
Hormis le règlement du problème nord-coréen, le principal objectif du voyage de Donald Trump visait à illustrer son attachement à ses promesses de campagne de «faire revenir les emplois en Amérique», écrit lundi le quotidien Nezavissimaïa gazeta. Pour ce faire, il faut selon lui «réduire considérablement le déficit commercial des USA avec d’autres pays» — il affirme aujourd’hui avoir réussi à «faire avancer les choses sur cette voie». A plus long terme, il faut changer les règles commerciales actuelles «nuisibles pour les USA», affirme le président américain.
«Les règles du commerce ont changé»: cette phrase prononcée plusieurs fois par le dirigeant américain est devenue le credo de sa tournée asiatique. Elle signifie que les États-Unis sont ouverts aux accords commerciaux bilatéraux avec tous les pays, mais à condition qu’ils soient «justes» pour les USA, c’est-à-dire qu’ils contribuent à la réduction du déficit commercial. Sachant que le président américain, tout en invitant les partenaires asiatiques à la coopération, n’a pas manqué de répéter haut et fort «l’Amérique avant tout» et d’avertir qu’il serait prêt à prendre des mesures protectionnistes si les intérêts des affaires américaines le nécessitaient. Ces explications de Trump ont semblé très étranges pendant le sommet de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE) à Manille, dont la question centrale était précisément la lutte contre le protectionnisme.
Ainsi, selon le président du centre de réflexion du Conseil des affaires étrangères Richard Haass, «Donald Trump tente de donner l’impression qu’il établit de nouvelles règles commerciales avec les principales économies asiatiques au profit des USA». «Mais en réalité, les USA se sont isolés eux-mêmes du meilleur des formats commerciaux de la région. Au final le pays paiera le prix fort», estime Richard Haass.
Pour mieux comprendre la situation, il convient de rappeler qu’après l’attaque de Trump contre le Partenariat transpacifique (TPP) pendant le sommet de l’APEC à Da Nang (Vietnam), 11 pays membres du TPP ont annoncé dès le lendemain leur intention définitive de le mettre en œuvre sans les USA. Ainsi, le plus grand accord commercial et économique préparé par l’administration de Barack Obama au prix de grands efforts pour préserver le leadership des USA et créer des emplois grâce à l’élargissement des capacités d’exportations, a été rejeté par son successeur. Cela provoque aujourd’hui des réactions très négatives aux USA, comme celle de Richard Haass.
Quelle est en réalité la raison de l’important déficit commercial des USA et de l’augmentation de la dette extérieure liée à celui-ci? La plupart des économistes pensent que le niveau de l’épargne aux USA est largement inférieur à celui des autres pays. Autrement dit, les Américains consomment une plus grande part de leurs revenus par rapport aux habitants d’autres pays, ce qui permet à ces derniers de prêter aux Américains de l’argent pour acheter des marchandises étrangères supplémentaires.
En d’autres termes, il y a des raisons bien plus profondes au déficit commercial des USA que l’emprise des importations. Néanmoins, Trump est prêt à dresser des barrières protectionnistes pour réduire le déficit commercial américain. Cependant, promouvoir le protectionnisme dans les conditions d’une économie américaine profondément intégrée à l’économie mondiale frappera forcément le secteur des exportations — et donc les emplois.
Source: Sputnik