Révolté par la décision de Trump sur la ville sainte d’al-Quds, sur Twitter, sur Facebook, d’innombrables internautes arabes se déchainent contre l’Arabie saoudite.
Et pour cause, son prince héritier Mohamad Ben Salmane est accusé d’être de mèche avec le président américain dans sa reconnaissance d’al-Quds comme capitale de l’entité sioniste.
Les médias israéliens ne l’ont d’ailleurs pas épargné. La dixième chaine de télévision a révélé que la décision de Trump avait été concoctée de concert avec Riyad et le Caire.
Les Palestiniens non plus. Ils ont dévoilé pour la presse arabe et les agences internationales, dont la Reuters, les pressions exercées contre eux par l’Arabie saoudite pour se plier au diktat américain.
Des médias arabes citent le chef de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a rapporté que lors de sa rencontre avec le prince héritier saoudien Mohamad Ben Salmane, ce dernier lui avait dit de « fermer la page d’al-Quds et celle des réfugiés et de s’orienter vers un Etat dans la bande de Gaza, en échange de quoi l’argent coulera à flots », comme le rapporte le journal en ligne al-Quds al-Arabi.
Le journal libanais al-Akhbar a quant à lui dévoilé que MBS lui avait aussi suggéré de faire son Etat dans le se rendre à Abu Dis, un quartier au confins d’al-Quds.
Alords que des médias occidentaux ont révélé le rôle joué par le gendre du président américain et son émissaire pour le processus de paix, Jared Kushner, auprès du prince saoudien héritier et l’homme fort de l’Arabie, Mohamad Ben Salmane, dans l’exécution de cette décision, dans le cadre de la Transaction du Siècle qui se veut achever le conflit arabo-israélien en liquidant la cause palestinienne.
Il faut dire aussi que la position saoudienne adoptée au lendemain de l’annonce de Trump, dont celle de la session extraordinaire de la Ligue arabe au Caire, a été très fade : elle s’est contentée de demander aux Etats-Unis de retirer sa décision, sans proférer aucune mise en garde.
Une position qui contraste avec le langage menaçant que les dirigeants saoudiens profèrent et les positions virulentes qu’ils adoptent contre les autres arabes et musulmans, à l’instar des yéménites, des qataris et des Iraniens.
Ce qu’un tweeter n’a pas manqué de constater avec pertinence: « lors que tu prétends être grand, tu dois te comporter comme les grands. Le grand n’est pas seulement celui qui assiège les autres (en allusion au peuple yéménite, ndlr) et déclenché des guerres contre les Musulmans. Si vous aviez laissé la Palestine pour ses habitants, si vous n’aviez pas donné de feu vert à Kuschner (Jared) et Trump, cette décision ne serait pas prise. Vous êtes grand de taille mais vos cervelles sont petites et vide de pensée stratégique ».
Le hashtag choisi par les défenseurs de l’Arabie saoudite donne raison à ces voix contestatrices : « Communiqué#saoudien#de soutien#à Al-Quds ».
Alors que celui qui défraie la chronique sur les réseaux sociaux, est celui de « Al-Quds#capitale#éternelle#de la Palestine ».
L’un de ces défenseurs saoudiens, un certain Abdullah a écrit, en plus de ce hashtag : « trois millions de yéménites travaillent en Saoudite et la laissent libérer leur terre. 3 millions de syriens travaillent en Arabie et ont laissé leur pays pour qu’on le leur libère. 500 palestiniens et des milliers de commerçants sont en Arabie et jamais nous n’avons entendu qu’ils ont donné quoique ce soit pour la Palestine. Tous voudraient que l’Arabie meurt à leur place ».
Sa rhétorique rappelle curieusement celle qui avait été véhiculée en Egypte, lorsque Sadate amadouait le peuple égyptien pour un accord avec Israël.
Il avait alors mis l’accent sur le thème « Egypte d’abord », pour briser les liens de solidarité avec le peuple palestinien et sa cause.
Aujourd’hui encore, c’est le concept « Arabie saoudite d’abord » qui prévaut via les médias et les réseaux sociaux, alors que les élites saoudiennes, et émiraties par extension, s’attellent pour persuader le peuple saoudien que les causes d’animosité à l’encontre des sionistes ne sont pas valables.
Bien sur, tout le monde n’est pas dupe.
L’animatrice jordanienne Ola Al-Farès constitue un exemple éclatant.
Commentant la décision de Trump, elle avait tweeté : « Trump n’a pas choisi le timing de l’annonce d’al-Quds comme capitale d’Israël par hasard. Les Arabes condamneront la nuit cette reconnaissance et chanteront pour elle jeudi ».
Elle travaillait au cœur de l’appareil médiatique saoudien : la télévision MBC.
Elle a bien entendu été révoquée.