Selon le journal américain Washington Post, le prince héritier saoudien Mohamad Ben Salmane est « le prince de l’hypocrisie ».
Dans son édition du dimanche 24 décembre, le journal doute de la volonté de MBS de vouloir réellement bouleverser les choses dans ce royaume «couvert de ténèbres ».
« Effectivement, MBS a permis aux femmes de conduire. Il a lancé une campagne anti corruption. Il a autorisé l’ouverture de cinémas à partir de l’an prochain. Il a imposé un politique d’austérité au budget. Il a révélé ses ambitions de vouloir diversifier l’économie loin de la dépendance envers le pétrole. Et il semble répondre aux aspirations de la jeune génération perturbée au royaume », constate le journal.
Avant d’objecter : « mais toutes ces mesures sont destinées à ce qu’il savoure le goût de la grandeur ».
Estimant qu’il y a réellement un problème majeur de corruption dans le royaume wahhabite, le Washington Post critique la manière suivie pour lutter contre. Elle est « celle d’un régime despotique et non d’un Etat moderne, qui aspire au règne du Droit », juge-t-il. En allusion à la séquestration de 159 richissimes princes et hommes d’affaires saoudiens.
Commentant l’achat par le prince héritier d’un yacht d’une valeur d’un demi-milliard de dollars, et d’un château français avec un jardin de 57 hectares, le journal estime que « tout ceci illustre un symbolisme affreux: celui d’un prince héritier qui détient une vision de soi, tout à fait différente de celle de son peuple ».
« Si Ben Salmane était réellement intéressé par un leadership illuminé et moderne, il devrait ouvrir les prisons dans lesquelles ses prédécesseurs ont séquestré tous ceux qui ont fait preuve de créativité, ainsi que ceux qui critiquaient le gouvernement et le pouvoir autoritaire », commente le journal.
Rappelant que MBS a mené une campagne d’arrestations contre des religieux, des militants, des journalistes et des écrivains « en leur imputant des accusations mystérieuses comme par exemple la menace à la sécurité nationale ».
Le fait de permettre à ces voix de s’exprimer constitue une contribution réelle pour la diversité de la société, a-t-il fait remarquer.
Selon lui, il est nécessaire de décréter une amnistie pour le blogueur Raëf Dadawi qui a été condamné à 10 années de prison ferme pour avoir exprimé son opinion.
« C’est la libération de M. Badawi qui provoquera des changements vers le meilleur et non le fait de s’acquérir un yacht luxueux ou un château en France», a conclu le WP.