Le ministre iranien de l’Intérieur, Abdolreza Rahmani Fazli, a mis en garde dimanche matin ceux qui « utilisent la violence et créent du désordre ».
« Ceux qui détruisent les biens publics, créent du désordre et agissent dans l’illégalité doivent répondre de leurs actes et payer le prix. Nous agirons contre les violences et ceux qui provoquent la peur et la terreur », a déclaré M. Rahmani Fazli à la télévision d’Etat.
Selon l’agence Ilna, proche des, « 80 personnes ont été arrêtées à Arak (centre) alors que trois ou quatre personnes ont été blessées » samedi soir.
« Des individus ont tenté d’attaquer des bâtiments publics mais n’ont pas réussi (…) la situation de la ville est sous contrôle », a déclaré un responsable local cité par Ilna, qui n’a pas donné son identité.
Les services secrets s’invitent dans le jeu!
Deux manifestants ont en outre été tués lors de heurts dans la ville de Doroud (ouest), a indiqué le vice-gouverneur de la province de Lorestan à la télévision, en accusant les « groupes hostiles et les services de renseignements étrangers d’être derrière les troubles ».
Au cours d’un point de presse, Habibollah Khojasteh explique que : » le rassemblement non autorisé de samedi soir à Doroud a malheureusement dégénéré. La police avait reçu la stricte consigne de disperser le rassemblement de manière pacifique. Or deux personnes sont décédées après des coups de feu d’origine inconnue. Une enquête préliminaire nous conduit vers une piste étrangère. Les éléments takfiristes seraient à l’origine des coups de feu », précise le vice-gouverneur qui affirme rendre public dans les heures à venir les résultats de l’enquête en cours.
« La police et les forces de l’ordre avaient reçu la consigne de ne pas recourir à la violence et d’essayer de disperser le rassemblement en question qui n’était pas autorisé. Mais il semblerait que des mains aient tenté de dévier ce mouvement à caractère social et de pousser à la violence. Des tentatives similaires d’infiltration ont déjà eu lieu dans la province et ce, dans la foulée de la double attaque terroriste du 7 juin à Téhéran », a-t-il ajouté.
Telegram, une application de messagerie largement diffusée en Iran, a été utilisée ces derniers jours par des éléments liés aux services secrets étrangers pour inciter à la violence et troubler le cours des manifestations sociales. L’une de ces chaines “Amad News”, a même appelé des manifestants à fabriquer des cocktails Molotov et à les utiliser contre les forces de l’ordre. Les tentatives de porter atteinte à l’ordre public en Iran sont passibles de peine de prison.
Samedi, des centaines de milliers d’Iran, ont investi les rues de plus de 1200 villes et villages iraniens, pour manifester leur soutien à la République islamique d’Iran et au guide suprême de la révolution islamique.
Ces manifestations interviennent au lendemain d’une petite émeute qui a eu lieu dans la ville de Machhad suite à l’appel de l’opposition iranienne à l’étranger. Le gouvernement iranien a souligné que le peuple a le droit de manifester et réclamer l’amélioration de ses conditions de vie, tout en appelant à la vigilance face aux visées de certains parties soutenues par les ennemis de l’Iran.
La réaction des Etats-Unis ne s’est pas fait attendre. Les dirigeants américains ont saisi l’occasion, en affirmant leur soutien aux fauteurs de trouble. Le président américain Donald Trump, le vice-président américain Mike Pence et la porte-parole de la Maison Blanche, Sarah Sanders sont montés au créneau pour défendre « les droits du peuple iraniens ».
Le sénateur néoconservateur John McCain s’est empressé de partager, sur son compte Twitter, des articles traitant les manifestations sociales en Iran, les qualifiant de « révolte contre le régime ».
L’Iran critique les propos interventionnistes des autorités US
En réaction aux propos interventionnistes des responsables américains, le conseiller du Parlement aux Affaires étrangères, Hossein Amir Abdollahian a conseillé de son côté au président US de « ne pas trop s’enthousiasmer » . Dans un tweet, il affirme: « le peuple iranien ne vous croit pas. Cela fait longtemps qu’il a choisi son camp; le peuple iranien préfère sa sécurité et sa souveraineté à vos slogans mensongers, à votre soutien hypocrite et à vos manigances terroristes. »
Pour sa part, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères a souligné que « le grand peuple iranien ne prêtera pas l’oreille aux slogans des dirigeants américains ».
Bahram Qassemi a estimé que le peuple était la pierre angulaire de la sécurité et du progrès de l’Iran et que sa participation aux élections pour décider de son propre sort, superviser et critiquer les appareils administratifs du pays était garante de l’épanouissement et de la prospérité du pays et de la Révolution islamique.
« La vigilance du peuple constitue l’élément le plus important de la résistance face aux États malveillants à la tête desquels se trouve l’administration Trump », a-t-il indiqué.
Et d’ajouter : « La nation iranienne ne fait aucun cas des allégations opportunistes et déplacées des responsables américains dont la personne de Donald Trump. Le grand peuple iranien suivra certainement de près son implication dans la violation des droits de l’homme en Palestine, au Yémen et à Bahreïn. Il se souvient des restrictions qui lui ont été imposées, dont l’interdiction d’entrée aux États-Unis et l’arrestation de nombreux Iraniens résidant dans ce pays. Voilà pourquoi pour le peuple iranien, le soutien sournois et opportuniste des autorités américaines aux manifestations de ces derniers jours dans certaines villes d’Iran, prouve aux Iraniens l’hypocrisie de l’administration américaine. »
Qassemi a ajouté que la Constitution de la République Islamique d’Iran prévoit des structures démocratiques pour le soutien légal aux revendications civiques du peuple.
Évoquant les 70 années d’ingérences des différents gouvernements américains dans les affaires intérieures de l’Iran dont la gestion du coup d’État contre le gouvernement national et légal, le soutien sans ambages à la répression des révolutionnaires par le régime des Pahlavi et au régime criminel de Saddam Hussein durant les 8 ans de guerre imposée par l’Irak à l’Iran, il a déclaré que les autorités US ne sont pas bien placées pour prendre en pitié la grande nation iranienne.
Avec AlManar + PressTV+ AFP