Les Etats-Unis restent pour l’instant dans l’accord historique de 2015 sur le nucléaire iranien mais Donald Trump a lancé vendredi un ultimatum aux Européens afin qu’ils l’aident à le durcir dans les prochains mois s’ils veulent éviter un retrait pur et simple de Washington.
Le président américain a confirmé la suspension des sanctions économiques contre l’Iran levées dans le cadre de cet accord conclu avec Téhéran et les autres grandes puissances (Chine, Russie, France, Allemagne et Royaume-Uni). Mais la Maison Blanche a prévenu qu’il s’agit « de la dernière suspension ».
« C’est la dernière chance », a lancé Donald Trump dans un communiqué, exigeant un « accord » avec les Européens pour « remédier aux terribles lacunes » du texte, que tous les autres signataires défendent mordicus car il est censé empêcher l’Iran de se doter de l’arme atomique.
« En l’absence d’un tel accord » avec les Européens, les Etats-Unis réimposeront les sanctions liées au nucléaire iranien, a-t-il prévenu, ce qui signerait la mort immédiate du pacte conclu il y a deux ans et demi à Vienne.
« Et si à tout moment j’estime qu’un tel accord n’est pas à notre portée, je me retirerai de l’accord » de 2015 « immédiatement », a-t-il menacé.
Tentatives désespérées de saboter un accord solide
Le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif a aussitôt dénoncé « des tentatives désespérées de saboter un accord multilatéral solide » qui, a-t-il insisté, « ne peut être renégocié ».
Concrètement, l’ultimatum américain laisse 120 jours, jusqu’à la prochaine échéance de suspension des sanctions, pour trouver une entente avec les Européens sur « un accord de suivi » visant à durcir les conditions du texte initial, a expliqué un haut responsable de l’administration américaine. Et ce, sans inclure dans le processus les Iraniens, pourtant signataires de l’accord de Vienne.
Parallèlement, Donald Trump a appelé une nouvelle fois le Congrès américain à adopter une loi durcissant unilatéralement les exigences à l’égard de l’Iran et permettant à Washington de rétablir automatiquement les sanctions sur le nucléaire si Téhéran ne respecte pas ces conditions.
Autant de demandes jugées « irréalistes » par le groupe de pression Diplomacy Works, créé par l’ex-secrétaire d’Etat américain John Kerry pour défendre l’accord de Vienne.
Donald Trump juge que le pacte conclu par l’administration de son prédécesseur démocrate Barack Obama n’est pas assez sévère et qu’il a mené la communauté internationale à fermer les yeux sur l’action « déstabilisatrice » de l’Iran au Moyen-Orient et sur le développement de missiles balistiques par Téhéran.
« Le régime iranien est le premier Etat soutien du terrorisme au monde », a-t-il prétendu vendredi.
Des sanctions en cachent d’autres
Le président républicain avait donc refusé mi-octobre de « certifier » devant le Congrès que le régime iranien respectait l’accord. Mais jusqu’ici, cette « non-certification » est restée symbolique.
S’il a accepté, à contre-coeur, de signer une « dernière » fois leur suspension, il a aussi choisi de maintenir la pression en imposant de nouvelles sanctions ciblées non liées au programme nucléaire – ce que les autorités iraniennes considèrent comme une manière indirecte de les empêcher de profiter des nombreuses retombées positives attendues de l’accord.
Le Trésor américain a ainsi sanctionné vendredi 14 personnes ou entités iraniennes pour des « violations des droits de l’homme » ou en lien avec le programme balistique de Téhéran.
Berlin et Londres ont défendu vendredi l’accord nucléaire, tout en précisant prudemment vouloir « discuter » avec leurs partenaires européens.
Réunis jeudi à Bruxelles, les Européens avaient de nouveau fait bloc autour de l’accord de Vienne, rappelant que l’Agence internationale pour l’énergie atomique (AIEA) confirme régulièrement son respect par Téhéran.
L’Union Européenne va mener des consultations internes, a affirmé un porte-parole vendredi, précisant que l’UE était « engagée dans la continuation de la mise en oeuvre pleine et effective » du pacte scellé en 2015.
Source: Avec AFP