L’offensive turque contre les Kurdes syriens à Afrine , dans le nord syrien se poursuit pour le 5ème jour consécutif.
Dernière évolution sur le terrain rapportée par l’agence Reuters : les militaires américains, britanniques et allemands qui avaient assisté les Forces démocratiques syriennes, issues des YPG, à déloger la milice wahhabite terroriste Daech (EI) de larges pans du nord syrien et de les occuper participent à leurs côtés aux combats contre les forces turques et leurs alliés.
Cette information semble contredire l’information relayée par l’AFP, selon laquelle les YPG kurdes s’estiment lâchés par leur allié américain, et multiplient les appels Washington à faire pression sur Ankara pour stopper l’offensive.
OSDH : peu d’avancée turque
Dans son compte-rendu de la situation sur le terrain, l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) avance quant à lui que les frappes turques de mercredi se sont concentrées sur les zones frontalières, dans le nord-ouest et le nord-est de la région d’Afrine « dans l’objectif de faire reculer les YPG et d’ouvrir la voie à une avancée terrestre »,
Selon le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane, cité par l’AFP, les forces turques et les rebelles pro-Ankara avaient peu avancé dans la région d’Afrine depuis le début de l’attaque.
« Dès qu’il y a une avancée et la conquête d’un village, il y a automatiquement une contre-offensive des Kurdes qui reprennent le contrôle de ce village », a-t-il dit.
Nouvelle entrée des forces turques
Une correspondante de l’AFP présente dans la localité frontalière de Kirikhan, dans le sud de la Turquie, a vu mercredi matin une colonne de chars et des centaines de soldats turcs s’apprêtant à entrer en Syrie. Des détonations de tirs d’artillerie dans la région d’Afrine pouvaient être entendues.
Quant à la télévision satellitaire libanaise al-Mayadeen TV, elle a pour sa part fait état de l’entrée d’un convoi militaire depuis la province d’Idleb, via le passage Atamat vers la région Tallat-Iss, dans la province sud d’Alep.
Cette immixtion s’est accompagnée par un pilonnage intensif contre des dizaines de villages situés dans l’entourage de Afrine.
Alors que les FDS ont assuré pour al-Mayadeen TV qu’elles comptent passer à l’offensive, le président turc M. Erdogan les a de nouveau violemment chargés, les qualifiant de « complices de la croisade postmoderne dont est victime notre région ».
En même temps, le porte-parole de la présidence Ibrahim Kalin appelait Washington à « reprendre toutes les armes fournies aux YPG au cours des deux dernières années », rapporte CNN.
L’opération se poursuit
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a affiché mercredi sa détermination à poursuivre l’offensive dans l’enclave syrienne d’Afrine pour en éliminer la milice kurde des YPG.
« L’armée turque et l’Armée syrienne libre reprennent le contrôle d’Afrine pas à pas (…) Cette opération va se poursuivre jusqu’à l’élimination du dernier membre de cette organisation terroriste », a tonné M. Erdogan lors d’un discours à Ankara.
Il a affirmé que l’armée turque comptait aussi à terme lancer une opération pour déloger les YPG de Minbej, ville à une centaine de kilomètres à l’est d’Afrine où des forces américaines sont présentes aux côtés des miliciens kurdes.
Lors d’une intervention précédente, le numéro un turc avait affirmé que l’offensive a pour but de rapatrier trois millions et demi de Syriens, en allusion sans aucun doute aux réfugiés syriens dans son pays.
Les images publiées par l’agence turque Andalou montrent des miliciens de l’Armée syrienne libre, alliée d’Ankara, assistant des Syriens pour s’installer dans une maison du village Shenkal, « qui vient d’être libéré » des YPG, selon ses termes
Préoccupations américaines
M. Erdogan s’exprimait avant un entretien téléphonique prévu en début de soirée avec M. Trump qui devrait lui faire part de sa préoccupation face à l’offensive d’Afrine, selon des responsables américains.
Cette offensive d’Ankara contre les YPG, risque en effet de nuire à la lutte contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI) en Syrie, ont-ils dit.
Après le début de l’offensive baptisé Rameau d’olivier, samedi, les Etats-Unis avaient adressé des appels à la « retenue » à Ankara, mais semblent hausser le ton, selon l’AFP, depuis mardi, en mettant en garde contre les risques de déstabilisation d’une zone relativement épargnée par le conflit syrien.
Etant considérée comme « terroriste » par Ankara, car lié au PKK turc qui revendique depuis 40 ans un Etat indépendant, et mène une sanglante guérilla sur le sol turc depuis 1984, la milice YPG est le fer de lance sur le sol syrien des visées américaines d’ingérence en Syrie, avec pour vitrine affichée la lutte contre la milice wahhabite takfiriste Daech (Etat islamique (EI).
Les USA ont désormais dans cette partie du sol syrien quelque 14 bases ou sites militaires.
Bilans mitigés
Depuis samedi, plus de 90 combattants des YPG et des groupes rebelles syriens pro-Ankara ont été tués, ainsi que 30 civils, la plupart dans des bombardements turcs, selon l’OSDH. Ankara dément avoir touché des civils.
Trois soldats turcs ont également été tués, selon Ankara, qui affirme pour sa part avoir éliminé plus de 260 « terroristes ».
Alors que les FDS assurent avoir éliminé 8 soldats turcs.
Depuis le début de l’opération, au moins deux civils ont en outre été tués dans des tirs de roquettes contre des villes frontalières turques.
Berlin demande des comptes
Questions allemandes
Berlin a indiqué qu’il comptait demander mercredi au ministre turc de la Défense des explications sur l’offensive au moment où le débat enfle en Allemagne à la suite de la diffusion d’images de chars allemands « Leopard 2 » déployés contre des combattants de l’YPG.
L’ambassadeur allemand en Turquie, Martin Erdmann, doit s’entretenir dans la journée à ce sujet avec Nurettin Canikli, selon une porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères.
La Turquie a lancé son opération après l’annonce par la coalition internationale de la création d’une force frontalière de 30.000 hommes dans le nord syrien, avec notamment des combattants des YPG.
Source: Divers