La coalition saoudo-US a intensifié ses raids contre la région côtière yéménite de Hodeida. Les ponts et les localités situés sur la route reliant Sanaa à Hodeida ont été bombardés. Une source militaire yéménite a fait état de l’intention de Ryad d’isoler cette ville située sur la mer rouge en prélude à une offensive d’envergure à son encontre.
En riposte à ces agressions, les soldats de l’armée yéménite et les combattants de l’organisation Ansarullah ont pris d’assaut une base militaire saoudienne et détruit la tour de contrôle de Rakaba Sayla dans la région frontalière saoudienne d’Assir (sud-ouest).
Trois soldats saoudiens ont été tués et un blindé a été endommagé suite à une attaque yéménite visant la base Majaza, à Assir, a rapporté une source yéménite citée par le correspondant d’AlManar.
Et puis, à Jizane (sud de l’Arabie) un sniper yéménite a tué un soldat saoudien se trouvant dans la base de Farida, a-t-on indiqué de même source.
La Russie indignée
Au niveau politique, le représentant de la Russie au conseil de sécurité de l’ONU s’est dit surpris que les récents développements au Yémen ne suscitent pas autant de remous et d’intérêt que la situation en Syrie, alors que 3 millions de personnes ont été déplacées et 14 millions de personnes souffrent de l’insécurité alimentaire. Vitaly Tchourkin s’est élevé contre le blocus aérien et portuaire imposé par la coalition sous prétexte qu’il existe un embargo sur les armes, tout en s’interrogeant sur le « cynisme » de certains membres du Conseil de sécurité.
Le Royaume-Uni, a-t-il fait remarquer, vient de consentir des ventes d’armements à l’Arabie saoudite pour un montant de cinq milliard de dollars. «C’est une coquette somme, n’est-ce pas? », a ironisé le représentant russe, qui s’est demandé comment, dans ces conditions, la délégation britannique pouvait être le porte-plume de projets de résolution sur la situation au Yémen.
Par ailleurs, a expliqué M. Tchourkin, si nous n’avons pas pu appuyer le projet de déclaration préparée par le Royaume-Uni au sujet de l’attaque meurtrière contre une cérémonie funéraire à Sanaa, c’est tout simplement parce que ce texte était « insipide » et « insultant » pour les Yéménites.
Le représentant de la Fédération de Russie a estimé qu’il était temps de revoir ce « rôle de porte-plume ».
Le représentant a ensuite déclaré que la feuille de route de l’Envoyé spécial se faisait toujours attendre. « Dans la mesure où elle n’existe pas encore, il est difficile de s’en faire une idée », a-t-il dit.
Le délégué russe s’est dit cependant préoccupé de constater que cette feuille de route ne mentionne ni le retrait des forces de la coalition, ni la fin des frappes aériennes.
Il faudrait parvenir à établir de manière durable la cessation des hostilités, sous peine de voir Daesh, Al-Qaïda et d’autres groupes étendre leur emprise dans la région.
Se basant sur sa propre expérience en Syrie, la Fédération de Russie est convaincue qu’il faut lutter « dès maintenant » contre le terrorisme.
Réunion du conseil de sécurité
De son côté, le médiateur de l’ONU pour le Yémen, Ismail Ould Cheikh Ahmed qui a participé à la réunion du Conseil de sécurité consacrée à la situation du Yémen a présenté un compte rendu sur les dernières évolutions qui traversent ce pays déchiré par la guerre.
Au Yémen; les choses avancent dans une direction qui contredit tout processus de paix, selon Ismail Ould Cheikh Ahmed.
La détérioration économique au Yémen menace d’aggraver la crise humanitaire dans ce pays, a mis en garde Ould Cheikh. Il a en outre appelé les forces proches de la coalition à payer les salaires des employés.
Sans évoquer le nom de l’Arabie, ce responsable onusien a souligné que les attaques contre les infrastructures yéménites devaient prendre fin.
En allusion à la récente trêve au Yémen, Ismail Ould Cheikh Ahmed a déclaré que malgré les trêves éphémères, le pays était encore loin de connaître la paix et la fin des hostilités.
Le responsable onusien a également mis l’accent sur l’impératif de porter plus d’attention aux violences au Yémen. Il a signalé que les civils avaient plus que jamais besoin de la sollicitude de la communauté internationale.
Le Yémen proche de la famine
Entre-temps, le patron des opérations humanitaires de l’ONU Stephen O’Brien a dressé lundi un sombre tableau de la situation humanitaire au Yémen, estimant que le pays était « proche de la famine » et que son économie risquait de s’effondrer.
Il a appelé à la réouverture des liaisons aériennes commerciales à partir de Sanaa et le déchargement rapide de 40 navires qui attendent de pouvoir ravitailler la population.
En allusion aux attaques d’envergure de la coalition parrainée par l’Arabie contre le Yémen, Stephen O’Brien a vivement critiqué les attaques contre les infrastructures yéménites dont les écoles, les installations médicales et même les cérémonies de mariage.
Il faut mettre fin à l’effondrement en cours des institutions publiques, a-t-il poursuivi, en appelant en priorité les forces proches de la coalition à verser aux médecins et aux infirmières leurs salaires.
Sources : AlManar, UN.org, Khabar, PressTV