Le colonel Mansour Al-Mansour a été nommé conseiller juridique de l’Equipe conjointe d’évaluation des incidents (JIAT) dirigée par l’Arabie saoudite. Celle-ci doit enquêter sur les dommages infligés aux civils yéménites par la coalition anti-Houthis.
Le colonel Mansour al-Mansour n’est pas un inconnu et connaît son métier. Ce militaire est tristement célèbre à Bahreïn pour avoir joué un rôle crucial dans la répression et l’écrasement de la révolte bahreïnienne de 2011, dans le contexte des «Printemps arabes».
Le militaire, «spécialiste» en droit, a en effet dirigé un tribunal bahreïni qui a jugé des centaines de manifestants non-violents, des universitaires, des écrivains et des journalistes, les condamnant souvent à des peines d’emprisonnement à perpétuité.
Des dizaines de détenus auraient, sans jamais obtenir gain de cause, interpellé le colonel et dénoncé les tortures et les viols auxquels ils devaient faire face en prison. Le colonel est accusé par les organisations de défense des droits de l’homme d’avoir coordonné ces exactions répressives.
L’ONU et des organisations de défense des droits de l’homme ont critiqué la manière de faire du colonel qui n’hésitait pas à régulièrement exclure du tribunal les observateurs internationaux des droits de l’homme.
Mansour Al-Mansour a également conseillé au Bahreïn de ne pas signer la Convention internationale sur certaines armes classiques, qui inclut l’interdiction des armes à sous-munitions en raison du préjudice «indiscriminé» qu’elles peuvent causer. L’Arabie saoudite et ses neuf alliés au Moyen-Orient utilisent régulièrement de telles armes contre la rébellion au Yémen.
D’après le Middle East Monitor, c’est ce colonel qui maintenant prodigue ses précieux conseils au sein de l’Equipe conjointe d’évaluation des incidents (JIAT). Cette «équipe», dirigée par l’Arabie saoudite, doit mener un travail d’investigation sur les frappes aériennes perpétrées au Yémen. Ces bombardements ont tué des milliers de civils yéménites, y compris 140 civils et le maire de Sanaa, lors d’une frappe aérienne contre une célébration funéraire le mois dernier.
Le royaume wahhabite, réélu récemment au Conseil des droits de l’homme de l’ONU, a déjà été blanchi par le JIAT à propos de 6 incidents répertoriés, dont le bombardement en août dernier d’un hôpital de campagne de Médecins sans frontières (MSF).
Human Rights Watch et plusieurs autres organisations de défense des droits de l’homme réclament une enquête indépendante et non dirigée par l’Arabie saoudite. Les ONG soupçonnent Riyad et sa coalition de cibler délibérément les infrastructures civiles yéménites. Human Rights Watch a récemment insisté sur la nécessité pour les pays occidentaux d’arrêter de vendre des armes à l’Arabie saoudite et aux autre pays du Golfe.
La guerre au Yémen oppose depuis 2014 le mouvement Ansarullah, soutenu par l’Iran en coopération avec des unités de l’armée yéménite proches de l’ancien président Ali Abdallah Saleh, aux partisans du président contesté Abd Rabbo Mansour Hadi, l’homme de main de Arabie saoudite où il est en exil depuis 2015.
Depuis mars 2015, la coalition dirigée par Riyad intervient régulièrement au Yémen, notamment par des frappes aériennes d’une grande violence, afin de remettre Abd Rabbo Mansour Hadi au pouvoir. Le conflit au Yémen a déjà fait jusqu’à 10 000 morts, dont 3 800 civils, selon les estimations de l’ONU.
Avec RT