Les promesses que le Premier ministre libanais Saad Hariri a faites à la Russie depuis cinq mois de conclure avec elle des accords militaires sont restées lettres mortes.
Pourtant les choses étaient bien préparées à l’avance, depuis l’effort entrepris par le ministre de la Défense libanais Yaacoub al-Sarraf au lendemain de sa participation au forum de l’armée russe le mois d’aout dernier à Moscou.
De retour à Beyrouth, il a alors organisé des rencontres entre le commandement de l’armée libanaise et des experts russes et libanais pour s’entendre sur le contenu des textes qu’il va falloir signer. Ils ont été dépêchés au gouvernement libanais pour donner son approbation à leur signature, alors que les Russes finalisaient de leur côté le texte de l’accord.
Depuis plus rien du tout. L’affaire semble avoir été classée de nouveau.
Pendant de longues années, deux ministres libanais de la Défense ont joué un rôle essentiel pour entraver toute ambition de coopération militaire russo-libanaise, voire toute tentative de diversification des sources d’armement de l’armée libanaise. Il s’agit d’Elias al-Murr et de Samir Mokbel.
En même temps, les autorités politiques au Liban n’osaient pas irriter les Américains.
Avant cela, le projet de l’accord de coopération militaire avec la Russie était resté de longues années dans les tiroirs des commissions parlementaires avant d’être voté, l‘an dernier. On ne sait pas très bien à qui incombe la responsabilité de l’avoir tant négligé.
Récemment, il a suffi que les médias russes publient le projet de l’accord conjoint pour que les pressions américaines et britanniques s’exercent sur le gouvernement libanais.
Elles sont menées par l’ambassadrice des Etats-Unis Elisabeth Richard , de concert avec l’ambassadeur du Royaume uni Hugo Shurter , comme le rapporte le journal al-Akhbar.
Leur rhétorique avec les dirigeants libanais s’est voulue être axée sur deux points : le fait que les Occidentaux fournissent gratuitement des armements à l’armée libanaise, alors que l’accord avec la Russie stipule que cette dernière lui accorde un prêt financier pour acheter ses armes. Le deuxième point argué porte sur la nécessité de garder une seule source d’armement, à l’instar de l’Otan.
Les responsables occidentaux sont forts lorsqu’ils s’emploient pour fabriquer des intérêts à ceux chez qui ils veulent faire passer les leurs.
En effet, la transaction avec la Russie aurait permis au Liban d’obtenir des armes dignes de ce nom, dont des hélicoptères de combat et des systèmes techniques qui auraient pu élever le niveau de l’armée. Du fait des pressions occidentales, celle-ci est cantonnée au rôle de la lutte contre le terrorisme et à la mission de préservation de l’ordre interne.
Tout armement permettant au Liban de se défendre face à une agression israélienne lui est strictement interdit. Les dirigeants occidentaux y veillent scrupuleusement à la place d’Israël.
Parmi les moyens utilisés avec les dirigeants libanais pour les écarter de la transaction avec la Russie, ils ont fait planer l’espoir de la tenue d’une nouvelle conférence à Rome destinée à équiper l’armée et les services de sécurité libanais. Ces fausses promesses sont véhiculées par les diplomates occidentaux en place au Liban, lesquels ne cessent de changer de date, sous prétexte d’obstacles émanant des pays donateurs dont les pays arabes.
Ces derniers non plus ne manquent pas à la mission de laisser le Liban en état de faiblesse. On se souvient que lorsque le gouvernement libanais a évoqué aussi l’éventualité de s’approvisionner en armements iraniens, c’est l’Arabie saoudite qui a fait étaler sa générosité, suggérant un prêt ou un don, on ne sait pas très bien, de 3 milliards de dollars pour financer des armements français. Il s’est avéré que ce n’était que des lettres mortes aussi.
Loin de croire que le Premier ministre libanais Saad Hariri est totalement inoffensif face à cette manipulation, et qu’il subit les pressions occidentales et rien de plus, certaines sources diplomatiques ont assuré pour Al-Akhbar qu’il serait de mèche avec les Occidentaux. M. Hariri et certains protagonistes libanais « ne sont pas seulement soumis à l’administration américaine mais œuvrent de concert avec elle dans sa guerre contre la Russie, soit en entravant les accords de coopération militaire, soit via les exactions menées par le directeur de la Banque centrale à l’encontre des sociétés russes et qui fait exécuter les sanctions prises unilatéralement par les Américains », ont dit ce sources.
Des sources proches du camp du 8 mars affirment pour leur part que M. Hariri fait tout « depuis quelques mois pour éviter l’accord de coopération militaire avec la Russie, comme si de rien n’était », alors que les ministres de son courant propagent que cette coopération est toujours de vigueur et qu’il n’y aucune pression occidentale.
Pour expliquer les raisons pour lesquelles M. Hariri s’est rendu de son plein gré en Russie, certains observateurs supposent qu’il avait besoin d’une couverture internationale, vu que ses propres affaires allaient mal.
Une autre éventualité n’est pas à écarter : il s’était rendu à Moscou au moment où s’y déferlaient l’un après l’autre les dirigeants arabes, lesquels veulent à touts prix écarter ce pays de l’Iran.
Pour la République islamique, toute cette manipulation pour priver le Liban de ses atouts de force ne semble nullement la tracasser. Moins les Occidentaux et les Arabes donnent à l’armée libanaise, plus elle donne au Hezbollah.
(Les informations de l’article sont empruntées à un article d’al-Akhbar)