Abdel Bari Atwan, éminent éditorialiste du journal Raï al-Youm, évoque les récentes menaces américaines de frappes militaires contre des positions gouvernementales syriennes, notamment à Damas, en ajoutant que la prise de position de Moscou à ce sujet laisse présager d’une éventuelle confrontation militaire entre la Russie et les États-Unis.
Les récentes déclarations du président syrien et les avertissements de plus en plus solennels donnés ces derniers jours par Moscou à Washington, qui a parlé d’attaquer la Syrie pour riposter aux soi-disant attaques chimiques de Damas sur la Ghouta orientale, tout cela montre qu’une évolution dangereuse se profile et qu’il n’est question au plus que de quelques semaines.
Le ministre russe des Affaires étrangères a exprimé ses inquiétudes quant à la menace croissante d’une attaque américaine contre la Russie. Et il a déclaré que si Washington faisait une telle chose, la Russe entrerait en action pour la simple raison que la vie des conseillers russes à Damas et celle des agents du ministère russe de la Défense serait alors en danger.
Ce qu’on peut déduire de ces paroles de Lavrov est que le programme des attaques américaines inclut une attaque du ministère syrien de la Défense et d’autres institutions militaires syriennes, dont le centre de commandement de l’armée où des conseillers militaires russes sont présents aux côtés de leurs homologues syriens.
C’est la 1re fois depuis le début de la crise syrienne il y a 7 ans que les dirigeants russes adressent de tels avertissements aux autorités américaines.
Par ailleurs, cela fait 2 semaines que Moscou exprime de grandes inquiétudes concernant de nouveaux agissements des groupes armés, d’autant plus que ces derniers ne restent jamais longtemps bien tranquilles et qu’ils essaient de faire croire coûte que coûte que Damas utilise des armes chimiques pour provoquer au final une intervention des États-Unis en Syrie.
Il est à noter que le chef d’état-major de l’armée russe a annoncé la découverte d’une usine d’armes chimiques à Aftris. Cette localité est située dans la Ghouta orientale et elle est sortie il y a quelques jours du contrôle des opposants syriens.
La Russie dispose en réalité d’éléments prouvant que Washington a dépassé toutes les lignes rouges et qu’il se prépare à lancer des attaques aériennes contre la Syrie, des attaques qui, contrairement à celle d’al-Shairat, ne seront pas juste théâtrales, mais qui pourraient causer la mort d’un grand nombre de conseillers milliaires russes.
D’un autre côté, le président russe a annoncé il y a deux semaines dans son discours annuel que la Russie répondrait à toute agression contre ses alliés et il n’est pas difficile d’imaginer que ses alliés sont la Syrie et la Corée du Nord.
Avec tout ce qui vient d’être dit, Trump pourrait, malgré les mises en garde russes, lancer des attaques en Syrie, avant tout parce qu’il est aventurier et qu’il vient en outre de montrer avec la mise à l’écart de Rex Tillerson et son remplacement par le raciste et ultraconservateur Mike Pompeo qu’il est capable de durcir davantage ses politiques, notamment contre l’accord sur le nucléaire iranien.
L’envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie a lui aussi annoncé il y a deux jours que la guerre en Syrie avait beaucoup trop duré et qu’il prévoyait même une intensification des combats à la veille de la 8e année de guerre. Et on peut imaginer qu’une telle personne ne formule pas de tels propos si elle n’a pas des preuves à l’appui.
Par ailleurs, on déduit d’après les menaces russes que Moscou ne se contentera pas de cibler les missiles américains, mais qu’il pourrait aussi très bien prendre pour cible les positions américaines, et plus particulièrement celles situées dans le nord-est de la Syrie, dans le cas où ses conseillers ou ses bases militaires viendraient à être attaqués.
Quoi qu’il en soit, Trump n’acceptera pas de sitôt les victoires de l’axe Iran-Damas-Moscou en Syrie et il cherche à retourner la situation.
On peut en conclure qu’à la veille de cette 8e année de guerre en Syrie, la situation va aller, semble-t-il, en empirant dans cette région et qu’une véritable guerre a commencé entre Poutine d’une part et Trump et ses alliés de l’autre.
Source: IUVMPRESS