Les Etats-Unis ont annoncé « la plus importante expulsion » d' »espions » russes de l’Histoire, dans le cadre de représailles coordonnées du camp occidental qui replongent le monde au temps de la Guerre froide, après l’empoisonnement d’un ex-agent russe au Royaume-Uni.
L’Australie s’est jointe mardi au mouvement, en annonçant l’expulsion de deux diplomates russes, portant à au moins 116 le nombre de diplomates russes qui doivent être expulsés dans 23 pays, dont 16 de l’Union européenne.
Le Royaume-Uni place une bombe à retardement dans les relations Russie-UE
Moscou, qui nie être à l’origine de l’empoisonnement à l’agent innervant de Sergueï Skripal et de sa fille Ioulia le 4 mars à Salisbury (sud de l’Angleterre), a immédiatement dénoncé un « geste provocateur » et promis de riposter à son tour. « La Russie n’a jamais eu et n’a rien à voir avec cette affaire », a répété le Kremlin.
La porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a déclaré que Moscou ne laisserait pas sans réponse les expulsions de ses diplomates.
«Moscou prendra des mesures de rétorsion à l’encontre de chaque pays qui a expulsé des diplomates russes», a-t-elle indiqué.
Elle a fait remarquer que ces mesures concerneraient tout type d’actions, y compris la fermeture du Consulat général de Russie aux États-Unis.
La première ministre Theresa May «est venue au sommet de l’UE pour appeler à la solidarité, à cette uniformité de politique étrangère qui est une loi pour les pays de l’Union européenne», a poursuivi Maria Zakharova.
«Seulement, tout le monde a oublié que la Grande-Bretagne a quitté l’UE, qu’elle a voté lors d’un référendum pour le Brexit, la sortie du pays de l’Union européenne. Ainsi, le Royaume-Uni a exigé au sommet la solidarité de tous ces pays qui restent au sein de l’Union européenne alors que lui-même s’en retire. Ce qui signifie qu’une bombe à retardement est posée sous tous les pays de l’UE qui commencent à pratiquer une politique antirusse concrète de ce type», a-t-elle souligné.
Le nombre de diplomates russes expulsés des États-Unis et du Royaume-Uni ne laisse aucun doute: la provocation a été organisée par Washington et Londres, a affirmé Maria Zakharova.
«Nous voyons derrière la provocation avec l’empoisonnement de l’ex-agent russe Sergueï Skripal et de sa fille Ioulia de puissantes forces se trouvant aux États-Unis et au Royaume-Uni », a-t-elle noté.
«60 [le nombre de diplomates russes expulsés des USA, ndlr] et 23 [celui des diplomates expulsés du Royaume-Uni, ndlr]. Si ce n’étaient ces chiffres, on aurait pu chercher d’où vient cette performance d’enfer orchestrée par Londres et qui bénéficie de la situation», a dit Maria Zakharova.
Elle a précisé que seuls ces pays avaient expulsés ou s’apprêtaient à expulser un si grand nombre de diplomates russes, tandis que les pays de l’Union européenne qui ont soutenu Londres se limitaient «à un ou trois ou quatre diplomates».
Elle a fait remarquer que Moscou s’attendait à cette décision de plusieurs pays occidentaux d’expulser ses diplomates.
«C’est évident, on a compris après le sommet de l’UE de quoi ils s’agit. C’est évident, on s’y est préparé», a-t-elle encore indiqué.
Pour sa part, l’ambassadeur de Russie Anatoli Antonov a Déplorant un « grave coup à la fois quantitatif et qualitatif » à la présence russe aux Etats-Unis. Il a ajouté sur le site d’information public Sputnik que Washington avait « réduit à néant le peu qu’il restait encore des relations russo-américaines ».
D’autres expulsions possibles
Très offensive, l’ambassadrice des Etats-Unis à l’ONU, Nikki Haley, a elle affirmé qu’à New York, « la Russie utilise les Nations unies comme un refuge pour des activités dangereuses à l’intérieur de nos propres frontières ».
Le Premier ministre australien Malcolm Turnbull a estimé que l’attaque de Salisbury participait d’un « schéma de comportement dangereux et délibéré de l’Etat russe qui constitue une menace croissante pour la sécurité internationale ».
Le président du Conseil européen Donald Tusk a prévenu que « de nouvelles expulsions » n’étaient « pas exclues » après cette opération « concertée ».
« Pour la première fois depuis la Deuxième guerre mondiale, une arme chimique a été employée en Europe », a souligné le chef de la diplomatie allemande Heiko Maas.
La France, l’Allemagne et la Pologne ont demandé chacune à quatre diplomates russes de partir, suivies notamment par les pays baltes, la Hongrie ou encore l’Espagne. L’Ukraine, en guerre avec des séparatistes pro-russes depuis 2014, en a chassé 13, et plusieurs autres pays, membres de l’Otan pour la plupart, en ont déclaré d’autres persona non grata.
L’Islande a de son côté annoncé, à l’instar de Londres, un boycott diplomatique de la Coupe du monde de football en Russie en juin-juillet.
Source: Avec AFP + Sputnik