L’Arabie saoudite a menacé lundi l’Iran de représailles après l’avoir accusé d’avoir fourni des missiles aux forces yéménites qui ont visé dimanche plusieurs cibles saoudiens à Ryad et dans d’autres régions frontalières.
« Nous nous réservons le droit de riposter contre l’Iran en temps et lieu », a prévenu Turki al-Maliki, porte-parole saoudien de la coalition qui mène depuis 2015 une guerre contre le Yémen, lors d’une conférence de presse à Ryad.
Il a affirmé que ces tirs constituaient « une sérieuse escalade », en accusant l’Iran de faire passer des armes via le port de Hodeïda et l’aéroport de Sanaa, sous contrôle des Houthis.
Le porte-parole a prévenu que la coalition « prendrait toutes les mesures pour assurer la sécurité » du royaume saoudien.
Téhéran a à maintes reprises affirmé soutenir les forces yéménites mais dément leur procurer des armes et accuse à son tour Ryad de « crimes de guerre » au Yémen.
Près de 10.000 personnes ont péri suite à la guerre saoudo-US et la famine menace la population.
Depuis novembre, les forces yéménites (armée + Ansarullah) ont tiré plusieurs missiles balistiques vers l’Arabie saoudite, en riposte aux massacres saoudiens à l’encontre des Yéménites. Mais c’est la première fois qu’autant de missiles ont été tirés en une seule fois, à l’occasion du 4ème anniversaire de la guerre.
Fiasco du Patriot saoudien
Entre-temps, le directeur du programme de l’Asie orientale pour la non-prolifération des armes nucléaires à la New America Foundation, Jeffrey Lewis, a commenté les tirs yéménites sur Ryad.
Il a écrit sur Twitter qu’il n’a pas encore analysé toutes les vidéos, « mais il semble qu’un missile intercepteur du Patriot a échoué de façon catastrophique (à gauche) et un autre a fait demi-tour et a explosé à Riyad (à droite). Pas un bon jour pour les défenses antimissiles saoudiennes ». Et d’ajouter : « Il est probable que ce sont les intercepteurs saoudiens qui ont causé les victimes et non pas les missiles yéménites ». Selon la coalition saoudo-US, un travailleur égyptien a été tué et trois autres ont été blessés par la chute de débris à Ryad.
Pour sa part, l’écrivain saoudien, Saoud al-Sabaani, s’est moqué du système de défense anti-aérien saoudien, Patriot, le qualifiant de corrompu. Il a en outre critiqué l’ignorance des dirigeants responsable de ce système qui a conduit à ces échecs et au chaos. Ils ont tiré des dizaines de missiles Patriot sans but précis.
Quant aux forces yéménites, elles ont publié sur la toile une vidéo montrant les tirs de missiles contre différentes cibles en Arabie saoudite.
Les Gardiens de la révolution rejettent les accusations de l’Arabie
Les Gardiens de la révolution, force d’élite qui relève directement du chef suprême de la République islamique d’Iran, l’ayatollah Sayed Ali Khamenei, ont rejeté mardi les nouvelles accusations de l’Arabie saoudite selon qui Téhéran fournit des armes aux forces yéménites (armée + Ansarullah).
« L’objectif de telles affirmations de la part de l’Arabie saoudite est de détourner l’opinion publique des atrocités (qu’ils) commettent au Yémen », accuse Yadollah Javani, un responsable des Gardiens de la révolution cité par l’agence de presse conservatrice Tasnim.
Londres est responsable des crimes de guerre
Lundi, l’Iran avait demandé à Londres de « cesser d’envoyer des armes qui prolongent le conflit » au Yémen.
« Sans l’ombre d’un doute, la Grande-Bretagne a une responsabilité directe dans les crimes de guerre commis (…) au Yémen, en vendant des armes » aux pays de la coalition sous commandement saoudien, a dit un porte-parole des Affaires étrangères iraniennes.
Et d’ajouter : Si Londres et Washington souhaitent effectivement mettre fin à la crise yéménite, ils doivent « cesser de vendre des armes aux pays membres de la coalition ».
Les Yéménites ont marqué lundi trois années de résistance face à l’agression saoudienne, par une démonstration de force à Sanaa.
Des centaines de milliers se sont rassemblés place Sabyine, où chants guerriers, poèmes et discours enflammés contre les Etats-Unis, « Israël » et certains pays occidentaux ont émaillé la manifestation.
« Votre présence envoie un message au monde (…), trois ans d’agression et de blocus n’ont pas réussi à briser la volonté du peuple yéménite », a tonné le dirigeant, Salah al-Sammad. Il a répété que les forces yéménites étaient prêtes à « s’entendre sur tout ce qui peut conduire à l’arrêt de l’agression et à la levée du blocus, à condition que le coalition met un terme à ses frappes contre le Yémen ».
Source: AlAkhbar + AFP + Sputnik