Bruxelles ne veut ni renoncer au dialogue avec Ankara ni le perdre définitivement comme partenaire, mais freine le processus de négociations et fait preuve de «deux poids, deux mesures», ont estimé dans un entretien accordé à Sputnik des politologues turcs, dressant le bilan du récent sommet UE-Turquie à Varna, en Bulgarie.
Bien que l’enthousiasme de la Turquie quant à son adhésion à l’Union européenne se soit émoussé sur fond de divergences avec Bruxelles, lors du sommet à Varna, Ankara a manifesté son intention de ne pas abandonner l’idée de devenir membre à part entière de l’UE, a déclaré à Sputnik Can Ünver, spécialiste des questions de sécurité.
«De son côté, Bruxelles ne veut pas non plus renoncer définitivement au dialogue avec la Turquie qui est un acteur important, dont l’influence géopolitique augmente chaque jour grâce avant tout à sa coopération active avec la Russie et aux succès remportés au cours de l’opération sur le territoire de la Syrie», a poursuivi l’interlocuteur de l’agence.
Selon ce dernier, l’UE applique une politique de «deux poids, deux mesures».
«D’une part, l’ex-dirigeant catalan Puigdemont est placé en garde à vue en Europe. De l’autre, toutes les conditions s’y trouvent réunies pour la liberté d’action de structures terroristes qui s’appliquent à diviser la Turquie», a affirmé M.Ünver.
Et de rappeler que 40 mosquées avaient été attaquées en Allemagne au cours des deux à trois dernières semaines.
«Les autorités allemandes n’ont pas condamné ces actes. Pire, elles les ont pratiquement légalisées. Quant au respect des droits de l’Homme, la situation dans les pays européens est loin d’être idéale», a résumé le politologue.
Selon un autre interlocuteur de Sputnik, Faruk Loğoğlu, ancien ambassadeur turc aux États-Unis, le sommet n’a débouché sur aucun résultat concret. On dirait que les relations entre la Turquie et l’UE sont suspendues.
«Dans les relations entre la Turquie et l’UE, il n’y a plus où reculer. Aussi, observe-t-on à présent une situation quand il n’y a pas de progrès notable, mais il n’y a pas non plus de rupture. […] Bref, la coopération entre Ankara et Bruxelles se poursuit, mais en l’absence de tout résultat concret», a conclu l’ex-diplomate.
Pour sa part, l’Union européenne a déploré de n’être parvenue à aucun compromis concret lors d’une rencontre avec le Président turc Recep Tayyip Erdogan qui était toutefois destinée à apaiser les tensions de ces derniers mois entre Ankara et Bruxelles. Bruxelles et Ankara ne sont pas parvenus à un «compromis concret» sur les questions essentielles, a déclaré à la presse le président du Conseil européen Donald Tusk, à l’issue du sommet UE/Turquie qui s’est tenu lundi à Varna (Bulgarie).
Source: Sputnik