Selon le chroniqueur juridique du journal libanais al-Akhbar, Omar Nachabé, le Hezbollah en tant qu’organisation de lutte figure dans les cursus enseignés pour les étudiants en licence de l’université canadienne McGill qui se présente être l’une des plus prestigieuses universités d’Amérique du nord.
Fondée en 1821, elle procure 300 formations académiques de l’enseignement supérieur pour quelque 40 mille étudiants. L’enseignement du Hezbollah y est administré dans l’une d’entre elle, intitulée « La réforme islamique et le radicalisme au Moyen-Orient ». Elle permet aux apprenants de s’acquérir des connaissances sur l’évolution des mouvements islamiques depuis l’effondrement de l’empire ottoman. Selon M. Nachabé, le cursus est donné par deux enseignants, D. Malek Abou Saab et D. Roula Jardi .
Alors que le Hezbollah a été classifié par le gouvernement canadien comme organisation terroriste, le cursus universitaire le présente d’une façon objective, et à aucun moment ses combattants ne sont qualifiés de terroristes.
S’expliquant pour al-Akhbar, M. Abi Saab précise que le parcours de lutte du Hezbollah qui s’illustre par la libération du sud Liban de l’occupation israélienne ressemble aux parcours de lutte qui s’étaient manifestés en Afrique du sud et au Vietnam.
Dans le premier cas, son leader historique Nelson Mandela prônait la lutte armée révolutionnaire contre le régime d’apartheid et refusait les solutions pacifiques avec lui. Il avait lui aussi été taxé de terroriste et ses militants avaient été victimes de répression.
Désigné comme étant un mouvement islamique fondamentaliste, le Hezbollah est également présenté d’une façon bien distincte des autres organisations wahhabites salafistes, qui sont, elles qualifiées d’organisations extrémistes.
Selon Mme Jordi, la norme de cette distinction remonte au champ de l’approche philologique et de l’interprétation de la religion, visiblement bien plus exhaustive chez les fondamentalistes que chez les extrémistes. La doctrine islamique adoptée par le Hezbollah semble s’écarter de la fermeture et de la stagnation et prône l’évolution de la société à travers les décrets du Wali al-Faquih, le guide suprême.
Les cursus sur le Hezbollah sont partagés en deux parties : la première présente la doctrine à laquelle il adhère et ses prescriptions idéologiques qui le distinguent des autres organisations islamiques extrémistes. La seconde expose en détail les différentes phases qu’il a traversées depuis sa création et sa vision de la situation locale et régionale et internationale.
Le cursus évoque aussi la priorité de la question nationale dans la stratégie du Hezbollah et sa lutte.
S’agissant des différentes phases de sa genèse, ont été répertoriées trois principales :
La première se rapporte à son action clandestine entre 1982 et 1985, au cours de laquelle il n’y avait pas de Hezbollah de point de vue organisationnel. Les jeunes s’étaient enrôlés au sein de la résistance islamique armée contre l’occupation israélienne du Liban. Cette phase comporte aussi l’ébauche entreprise par le Hezbollah pour déterminer la doctrine et la voie à suivre.
La deuxième phase est celle qui s’étend depuis 1985 et jusqu’à 2009, entre la première charte fondatrice du Hezbollah et la deuxième. Au cours de laquelle ont été fondées la Shourah, le secrétariat général et ont été mis au point sa structure organisationnelle, ont été distribuées les responsabilités et définies les régimes internes, financiers et militaires. C’est aussi au cours de cette étape qu’ont été créés les différentes institutions éducatives, médicales et d’autres services.
Quant à la troisième et dernière phase, elle commence par la deuxième charte du Hezbollah, laquelle introduit de nouvelles directives dont le renoncement l’Etat islamique au Liban, introduit la lutte contre les takfiristes et définit les alliances locales et la nature des relations avec les puissances internationales.
Le parcours des fondateurs du Hezbollah et leurs liens aussi bien avec l’organisation de libération de la Palestine sont également exposés, pour montrer l’attachement politique à la cause palestinienne. Sont aussi mises en valeur ses accointances avec le parti irakien al-Daawa , le mouvement libanais Amal et des groupes estudiantins de Jabal Amel au sud Liban et de Najaf en Irak, ainsi qu’avec les partis politiques de gauche au Liban.
Les livres et les directives du religieux libanais l’ayatollah Mohamad Hussein Fadlallah et son approche moderniste sont également enseignés dans cette formation, compte tenu de l’influence qu’il a exercée sur les jeunes Libanais, dont ceux qui ont fondé le Hezbollah.
Traduit en résumé par notre rédaction