Donald Trump envisage de rejoindre le nouvel accord de libre-échange transpacifique, s’il est « meilleur », après s’être retiré sans ménagement du traité initial le jour même de son arrivée à la Maison Blanche l’an passé, une volte-face qui soulève des critiques.
« (Nous) allons rejoindre le TPP si l’accord est substantiellement meilleur par rapport à ce qui a été offert au président (Barack) Obama », a tweeté tard jeudi le président américain.
« Nous avons déjà des accords BILATERAUX avec six des onze nations du TPP et travaillons pour parvenir à un accord avec la plus grande de ces nations, le Japon, qui nous a fait très mal sur le plan commercial pendant des années! », a-t-il poursuivi.
La Maison Blanche avait auparavant annoncé jeudi que M. Trump avait chargé un de ses conseillers économiques, Larry Kudlow, et son représentant américain au Commerce (USTR), Robert Lighthizer, « de regarder s’il y avait une possibilité ou non de négocier un meilleur accord ».
Pour Tokyo, il serait « extrêmement difficile » de renégocier certaines parties du traité, désormais appelé Partenariat transpacifique global et progressiste (CPTPP), car « il ressemble à une sculpture de verre ».
« Nous aimerions saluer l’initiative du président (américain) si elle signifie qu’il reconnaît la portée et la signification » du traité, a ajouté vendredi le porte-parole du gouvernement japonais Yoshihide Suga, soulignant que Tokyo attend plus de précisions sur les intentions américaines.
Donald Trump avait eu pendant la campagne électorale des mots particulièrement durs pour le TPP le qualifiant de « désastre ».
Cette annonce intervient alors que les Etats-Unis et la Chine sont en profond désaccord sur le commerce international. Or, le TPP avait été initialement élaboré avec l’idée d’en faire un contrepoids à l’influence grandissante de Pékin dans le commerce international.
Donné pour mort l’an passé après le retrait des Etats-Unis, l’accord avait été ranimé par les onze autres pays des deux rives du Pacifique. Le 8 mars, Australie, Brunei, Canada, Chili, Japon, Malaisie, Mexique, Nouvelle-Zélande, Pérou, Singapour et Vietnam l’ont paraphé.
Dans sa forme originale, le TPP avait été promu par Washington sous la présidence du démocrate Barack Obama. Il avait été signé en février 2016 après des années de négociations entre 12 pays ayant un accès sur le Pacifique. Sans Pékin.
Mais avant son entrée en vigueur, Donald Trump avait annoncé le 23 janvier 2017 le retrait de son pays, mettant en péril l’ambitieux accord censé englober 40% du PIB mondial et presque 25% du commerce international.
« Pas de plan B »
Au dernier Sommet de Davos en Suisse, le président américain avait commencé à tempérer sa prise de position. « Je me joindrais au (traité de libre-échange transpacifique) TPP si nous avions un bien meilleur accord que celui-ci », avait-il déclaré le 26 janvier à CNBC.
« Le président a constamment dit qu’il était ouvert à un accord substantiellement amélioré », a assuré jeudi Lindsay Walters, l’une des porte-parole de la Maison Blanche.
Mais, depuis, les tensions commerciales avec Pékin ont redoublé d’intensité, ce qui pourrait l’avoir poussé à adoucir sa position.
Washington, qui accuse le géant asiatique de pratiques commerciales « déloyales », a imposé des taxes supplémentaires sur les importations chinoises notamment l’acier et l’aluminium. Pékin a répliqué en annonçant des représailles sur des produits américains dont le soja.
En outre, l’administration Trump a initié la renégociation de l’accord de libre-échange nord-américain (Aléna) avec le Canada et le Mexique, deux pays qui ont ratifié le CPTPP.
« Le TPP a été détruit parce que c’était un échec pour les travailleurs de l’Amérique et il ne doit pas être ressuscité. Il n’y a aucun moyen de le faire revivre sans trahir le peuple qui travaille », a réagi jeudi Richard Trumka, président de la principale centrale du pays, l’AFL-CIO.
« Etant donné le rôle central joué par l’opposition au TPP pendant l’élection et Trump ayant largement vendu l’idée d’un retrait de cet accord (…) cette marche arrière (…) pourrait donner le signal que Trump (…) n’est digne d’aucune confiance », a commenté de son côté Lori Wallach de l’ONG américaine Public Citizen.
Le futur secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo a, lui, rappelé jeudi qu’il avait soutenu le TPP lorsqu’il était membre du Congrès.
« L’anti-mondialisation de Trump a été rattrapée par la réalité: personne ne veut d’accords commerciaux bilatéraux avec les Etats-Unis et Trump n’a pas de plan B », a commenté Ashish Kumar du centre de réflexion Atlantic Council.
Source: AFP