Les récentes déclarations du chef de la diplomatie saoudien Adel Al-Jubeir trahissent les manœuvres qu’il déploie dans son discours médiatique, et reflète la politique de son pays dans les affaires d’Etat.
«Le Qatar doit payer pour la présence des troupes américaines en Syrie et doit envoyer ses troupes en Syrie avant que le Président américain ne renonce à protéger le Qatar par le biais de la base militaire des États-Unis déployée sur son territoire», a-t-il indiqué, cité par le service de presse de son ministère.
Si les États-Unis cessent d’assurer la sécurité du Qatar, le gouvernement de ce pays sera renversé en moins d’une semaine, estime le ministre.
Ces propos sont intervenus directement après une récente déclaration du président américain Donald Trump dans laquelle il a dit que les pays arabes riches devraient payer le prix de leur protection.
« Les pays de la région du Moyen Orient ne résisteront pas plus d’une semaine sans la protection américaine », a-t-il dit lors de la conférence de presse avec son homologue français Emmanuel Macron.
Selon lui, son pays a dépensé 7 trillions de dollars pour le Moyen-Orient en 18 années et « les pays riches devraient payer pour cela ».
Dans les déclarations du numéro un américain, ce dernier ne précise pas les pays concernés par ses sommations. Il est clair qu’ils sont au pluriel et on peut facilement en déduire que tous les pays du Golfe le sont. Au moins.
Ces exigences n’ont rien de nouveau de la bouche de Trump. Il avait auparavant insisté sur le fait que les pays arabes devaient contribuer financièrement à financer la présence américaine en Syrie. Avant d’ajouter qu’il fallait qu’ils envoient aussi leurs troupes au nord de ce pays.
Or, Jubeir se veut attribuer les sommations américaines au Qatar seulement, devenu son ennemi farouche.
Il les éloigne de son camp, tout en se sachant pleinement concerné.
Cette manœuvre de détournement sournoise et malhonnête qui consiste à accuser les autres pour se déculpabiliser marque souvent le discours médiatique et politique saoudien. Dans les questions régionales surtout. Jusqu’à présent, c’était l’Iran qui a été le souffre-douleur de cette politique saoudienne.
Les exemples qui l’illustrent sont innombrables.
On en retient entre autre que le royaume qui s’ingère dans les affaires de nombreux pays arabes et islamiques, la Syrie, le Yémen, la Tunisie, l’Égypte, …, ne cesse d’accuser l’Iran de velléités expansionnistes régionales. Quand bien même celles-ci ne sont ni plus ni moins l’illustration de relations consenties entre Etats.
Récalcitrant face la politique saoudienne hégémoniste, le Qatar devient son nouveau souffre-douleur. D’autres pays pourraient très bien lui emboiter le pas.