Le centre de recherches sur la sécurité d’Israël de l’université de Tel-Aviv a publié un nouveau rapport exprimant ses doutes sur les réformes révolutionnaires que le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane veut mettre en place.
Contrairement aux révolutions arabes, qui ont émané des aspirations des peuples, la révolution en Arabie saoudite a commencé au sommet de la pyramide du royaume, autrement dit de Mohammed ben Salmane.
Yuil Gochanski, l’auteur du rapport, estime que Mohammed ben Salmane poursuit deux approches. La première consiste à enclencher des réformes sociales et économiques, et la deuxième à octroyer ses aides d’une façon à assurer son accession au trône.
Le rapport du centre israélien souhaite le succès de Mohammed ben Salmane, notamment dans ses réformes économiques, et indique que ses ambitions vont au-delà des aventures régionales de l’Arabie.
L’Occident doute que l’Arabie dispose des fonds et des connaissances suffisants pour mener à bien ces plans économiques et pense que Riyad sera tôt ou tard obligé de se tourner vers l’Ouest pour recevoir des aides politiques et économiques.
Mohammed ben Salmane chercherait en outre à assumer la pleine souveraineté du pays et à centraliser autour de sa personne le système saoudien, qui a consisté jusque-là en un jeu d’équilibre entre les différentes branches de la famille régnante, ajoute le rapport.
Le prince héritier saoudien n’hésite pas à interpeller les hommes politiques, les religieux et les éléments culturels « gênants » et à emprisonner les princes saoudiens dans le cadre d’une lutte anticorruption.
Dans son récent voyage en Grande-Bretagne, aux États-Unis et en France, Ben Salmane a voulu s’imposer comme l’« Atatürk d’Arabie », estime l’auteur du rapport. Mais certains experts pensent que son approche est celle de la Chine : il veut dompter le pouvoir politique et se montrer flexible en matière économique. Il fera face à des défis majeurs dans l’accomplissement de ses desseins.
Le rapport indique que le programme Vision 2030 de Ben Salmane, dévoilé en avril 2016, a entraîné l’imposition de nouvelles taxes aux citoyens et réduit le volume des subventions gouvernementales, notamment dans le secteur de l’énergie. L’Arabie saoudite a réussi à réduire son déficit budgétaire qui devrait atteindre les 52 milliards de dollars. Bien sûr, l’argent confisqué des princes et anciens ministres arrêtés sur décision d’une commission anticorruption a été versé au Trésor. Mais la somme en question est très faible par rapport aux besoins de l’Arabie saoudite.
L’expert israélien affirme que depuis le lancement de Vision 2030 en 2016, la situation en Arabie saoudite ne s’est pas améliorée : le développement du pays est au point zéro et la courbe du chômage ne cesse d’augmenter.
Se référant au plan du gouvernement pour faire face à la hausse des prix, le rapport dit que le plan n’inclut pas les travailleurs étrangers qui sont forcés de quitter le pays.
Le royaume, dont les recettes dépendent à 90 % des hydrocarbures, multiplie donc « les mesures d’austérité ». Et ce au risque de faire exploser la paix sociale si grassement achetée par la famille Saoud. Fini les aides accordées sur le prix de l’eau, de l’électricité ou des carburants. Terminé les primes pour les fonctionnaires. Quant aux membres du gouvernement, ils sont priés de se serrer la ceinture.
L’inquiétude de Mohammed ben Salmane quant à une rébellion sociale est sérieuse.
Source: PressTV