Angela Merkel est attendue vendredi à Washington pour une ultime tentative européenne de convaincre Donald Trump de préserver l’UE de sanctions commerciales et de sauvegarder l’accord stratégique sur le nucléaire iranien.
Son déplacement intervient juste après celui du président français Emmanuel Macron qui, malgré sa complicité affichée avec le dirigeant américain, n’a semble-t-il pas obtenu de concessions sur ces grands dossiers.
La chancelière allemande, qui est partie jeudi après-midi de Berlin, se fait toutefois peu d’illusions sur les droits de douane accrus sur l’acier et l’aluminium européens.
L’autre objectif de Mme Merkel est de convaincre le président américain que l’accord sur le nucléaire iranien doit être préservé, faute de quoi Téhéran pourrait reprendre l’enrichissement de l’uranium.
Or, M. Trump semble se préparer à dénoncer ce texte négocié par son prédécesseur, avant la date-limite du 12 mai.
Emmanuel Macron a bien proposé la négociation d’un accord complémentaire afin de répondre à certaines revendications américaines notamment sur le programme balistique iranien, mais il s’est montré ensuite très pessimiste sur les intentions de son homologue américain.
« L’analyse rationnelle de la totalité de ses déclarations ne m’incite pas à penser qu’il fera tout pour maintenir » l’accord, a-t-il dit.
« Le postulat de départ de la proposition de Macron est le maintien de l’accord sur le nucléaire (…) il ne peut être dissous de manière unilatérale », a relevé de son côté le responsable allemand.
Excepté Washington, tous les signataires –Paris, Berlin, Londres, l’UE, Pékin et Moscou — et les inspecteurs internationaux considèrent que Téhéran tient ses engagements.
« Aucune décision » n’a été prise sur l’accord iranien
Les Etats-Unis n’ont pris « aucune décision » sur l’accord nucléaire iranien, a pour sa part assuré jeudi le ministre américain de la Défense Jim Mattis, s’abstenant toutefois de juger l’accord « dans l’intérêt » du pays comme il l’avait fait auparavant.
« Je peux vous assurer qu’il n’y a eu aucune décision de prise sur un retrait du JCPOA », a indiqué M. Mattis, utilisant l’acronyme anglais de l’accord entre l’Iran et les grandes puissances (Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie et Allemagne), aux termes duquel Téhéran a accepté de geler son programme nucléaire jusqu’en 2025.
« Les discussions se poursuivent au sein du conseil de sécurité nationale et de ceux qui parmi nous sont chargés de donner un avis au président », a poursuivi le chef du Pentagone au cours d’une audition au Congrès.
« Il y a évidemment des aspects du JCPOA, de cet accord, qui peuvent être améliorés », a ajouté M. Mattis. « Nous sommes en train d’y travailler avec nos alliés européens à l’heure actuelle ».
« Je le répète, à cette heure, il n’a pas été décidé si nous pouvons le réparer suffisamment pour y rester ou si le président va décider de s’en retirer », a poursuivi le ministre américain.
Alors qu’on lui demandait s’il pouvait être « réparé » d’ici le 12 mai, M. Mattis est resté vague. « Il faudra que nous examinions quel degré d’amélioration nous pensons pouvoir atteindre et ensuite, placer ça dans la perspective des intérêts plus larges des Etats-Unis et décider si ça vaut le coup ou pas ».
En octobre dernier, M. Mattis jugeait que l’accord iranien était « dans l’intérêt des Etats-Unis ». Depuis, il a quelque peu modulé son soutien à l’accord iranien, estimant le 12 avril qu’il « devait être amélioré ».
Source: Avec AFP