L’aide humanitaire en Syrie semble avoir atteint un tournant, l’accent étant de plus en plus mis sur la « réhabilitation » des zones dévastées afin d’aider les Syriens à rentrer chez eux, a déclaré mercredi le chef du CICR.
« Pour nous, la Syrie est différente de la Syrie de l’an dernier et de la Syrie d’il y a deux ans », a déclaré le président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Peter Maurer, aux journalistes à Genève.
M. Maurer a affirmé que la situation dans de nombreuses régions du pays semblait se stabiliser et a déclaré s’attendre à ce que l’accent ne soit plus mis uniquement sur l’aide d’urgence, mais aussi sur le rétablissement des services dans les régions où les gens veulent rentrer chez eux. « Pour nous, il est important que les mesures de réhabilitation soient mises en œuvre », a déclaré le responsable suisse.
Il estime qu’il va y avoir « dans les mois à venir un changement » en terme d’aide humanitaire, qui ne sera plus uniquement centrée sur l’assistance d’urgence, grâce au développement d’activités dites de « protection », comme le rétablissement des services de base et la recherche des personnes disparues.
Le CICR a reçu depuis le début du conflit quelque 13.000 demandes de recherche de personnes, mais celles-ci ont bondi de 25% en 2017.
M. Maurer a également fait remarquer que la Syrie était maintenant morcelée en territoires assez bien définis et que les « grands acteurs » de ce conflit semblaient prêts à œuvrer pour trouver « un consensus pour arrêter la guerre ».
« J’ai l’impression que nous sommes à l’orée de quelque chose d’intéressant qui va modifier le cadre dans lequel nous faisons notre travail humanitaire (…) en Syrie. Je pense que nous entrons en ce moment dans l’ère de l’après grandes batailles », a-t-il dit.
Grâce à l’appui militaire de Moscou et le soutien de l’Iran, le pouvoir syrien a repris de vastes territoires aux jihadistes et aux rebelles takfiristes, et contrôle plus de la moitié du pays.
La Turquie contrôle elle une zone dans le nord du pays qu’elle a reprise aux combattants kurdes à la suite d’une offensive lancée en janvier dans l’enclave kurde d’Afrine.
Quant à la province d’Idleb, frontalière de la Turquie, où vivent plus de 2,5 millions de personnes dont une moitié de déplacés, elle est en partie contrôlée par l’ex-branche d’Al-Qaïda en Syrie, le front al-Nosra, rebaptisée front Fatah al-Cham et bataillant dans le cadre de la coalition Hayat Tahrir al-Cham.
De nombreux rebelles et leurs familles évacués de la poche insurgée dans la Ghouta orientale, aux portes de Damas, sont partis dans cette province.
Le mouvement de contestation pacifique qui a éclaté en Syrie dans la foulée du printemps arabe s’est rapidement militarisé, avec l’aide des puissances occidentales et de leurs alliés, les monarchies arabes. Ils étaient apparemment lésés car la direction politique de ce pays a choisi de rejoindre le camp de l’Axe de la résistance contre le projet occidentalo-sioniste dans la région.
Source: Avec AFP