L’inattendue et cruelle décision du Maroc de rompre ses relations diplomatiques avec l’Iran et d’expulser son ambassadeur de Rabat, alors que les deux pays n’ont jamais eu de contentieux graves, s’expliquerait par les pressions des États-Unis sur le Maroc, rapporte Rai al-Youm.
Le journal panarabe publie un article d’Abdul Wahab al-Sharafi, directeur du Centre d’observation diplomatique yéménite, qui se penche sur le dernier « coup bas » du Maroc contre l’Iran. « Les relations entre les deux pays n’étaient pas pour autant chaleureuses. Mais quelle stupéfaction à l’annonce de leur gel ! Tout analyste se demande quelles en sont les raisons », dit-il d’emblée.
Le soutien de l’Iran au Front séparatiste du Polisario ne suffit pas pour justifier cette action. Car de nombreux pays avant l’Iran, dont l’Algérie, Cuba et le Venezuela avaient été fustigés pour leur soutien au mouvement politique du Sahara occidental. Mais pourquoi l’Iran est-il pointé du doigt en ce moment ?
Quoi qu’il en soit, les déclarations du ministre marocain des Affaires étrangères Nasser Bourita ont moins consisté à expliquer les raisons de la rupture diplomatique avec l’Iran qu’à accuser le Hezbollah de former les forces de Polisario.
Le Hezbollah fait partie intégrante du gouvernement libanais
L’auteur de l’article évoque donc le lien présumé du Hezbollah avec le Polisario et indique que la logique aurait plutôt voulu que le Maroc prenne position à l’encontre du Hezbollah d’abord, et de l’Iran par la suite. Par ailleurs, dans ses propos, on sent très bien que Bourita a totalement nié que le Hezbollah faisait partie intégrante du gouvernement libanais. Son implication dans n’importe quelle affaire aurait au moins exigé que le gouvernement libanais soit interpellé.
Accord avec le Maroc pour l’organisation de la Coupe du monde 2026
L’autre événement marquant de ces derniers jours, écrit al-Sharafi, est la menace adressée par le président des États-Unis, Donald Trump, aux pays qui voteraient contre les États-Unis dans l’attribution de la Coupe du monde de football 2026. Pour gagner, les États-Unis, en concurrence avec le Maroc, devront obtenir la majorité parmi les 207 pays votants. Et cette année, la FIFA, dans un souci de transparence, a promis de dévoiler pour qui chaque pays avait voté, permettant ainsi à Donald Trump de savoir qui n’aura pas été de son côté ce jour-là.
Or, l’hostilité croissante des États-Unis envers l’Iran n’est pas sans rapport avec l’organisation de la Coupe du monde de football 2026 : Trump, passé maître du négoce, aurait échangé la poursuite de son soutien au Maroc, malgré son vote contre l’attribution de la Coupe aux États-Unis, contre la rupture de ses relations avec l’Iran.
Le Maroc, la nouvelle proie de Trump pour une guerre avec l’Iran
En d’autres termes, il est fort probable que les États-Unis perdent la Coupe du monde pour la plus grande joie du Maroc. Mais Trump chercherait à instrumentaliser son concurrent afin de déclencher une confrontation avec l’Iran.
Cet acte serait donc à considérer comme un accord entre Washington et Rabat, un véritable croc-en-jambe à l’Iran. Et pour mieux le comprendre, il faut juste réaliser que Trump est prêt à tout, même de politiser le sport, pour arriver à ses fins : un vote d’opposition équivaut à un coup politique avantageux !
« Ce serait une honte si les pays que nous avons toujours soutenus faisaient campagne contre la candidature américaine. Pourquoi devrions-nous continuer à soutenir ces pays lorsqu’ils ne nous soutiennent pas (y compris aux Nations Unies) ? », a tempêté Donald Trump sur Twitter, le 27 avril dernier.
Entre les deux options sur la table — subir les sanctions américaines en cas d’une opposition ou changer de position politique —, le Maroc aurait finalement choisi d’interrompre brusquement ses relations avec l’Iran. Hypothèse à ne pas négliger.
Source: PressTV