“Nous romprons le jeûne à Jérusalem”, clame la publicité d’un opérateur téléphonique koweïtien lancée à l’ouverture du mois de ramadan. En ciblant frontalement ‘Israël’, cette campagne destinée aux États arabes a provoqué la colère de l’Arabie Saoudite.
Un “message au monde”, rien de moins. C’est ainsi que sur son compte Twitter la compagnie de téléphonie koweïtienne Zein, l’une des plus grandes du monde arabe, a lancé sa nouvelle campagne de publicité à l’occasion du début du mois de ramadan. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle a eu un énorme écho, avec 250 000 visionnages moins de huit heures après son lancement, relevait le 16 mai le site arabe Arabi21.
La vidéo met en scène un enfant qui chante et apostrophe successivement quelques-uns des grands dirigeants du monde sur “les principales questions politiques récentes”. Parmi les chefs d’État interpellés figurent Donald Trump, Vladimir Poutine, Angela Merkel, Justin Trudeau et même le dictateur nord-coréen Kim Jong-un.
Bien qu’elle ait été diffusée par une entreprise privée, la publicité délivre un message éminemment politique. Elle évoque – entre autres – les “souffrances des réfugiés”, mais surtout la question palestinienne et le “transfert de l’ambassade américaine” de Tel Aviv vers la Ville Sainte. AlQuds occupée est tout particulièrement ciblée dans le refrain, avec cette promesse d’y “rompre le jeûne”.
Appel à l’unité des pays du Golfe
Cette publicité prend aussi la forme d’un plaidoyer pour une résolution de la crise opposant l’Arabie Saoudite et les Émirats arabes unis au Qatar, explique le site d’information Arabi21.
En effet, le clip s’achève sur l’image d’hommes “qui avancent, main dans la main, ensemble vers AlQuds occupée”. Ils sont au nombre de six, comme les six pétromonarchies du Golfe, et sont “vêtus de la thobe d’apparat”, l’habit emblématique des rois et émirs du Golfe.
“Propagande politique”
Cette vidéo pourrait au contraire faire naître une crise supplémentaire sur la péninsule : entre l’Arabie Saoudite et le Koweït. Sur les réseaux sociaux, le ton est vite monté dans le débat suscité par le clip publicitaire. Abderrahman Al-Rached, éditorialiste au quotidien saoudien Asharq Al-Awsat, s’insurgeait ainsi sur son compte Twitter :
Cette campagne de Zain (Koweït) renforce les doutes sur la domination des idées des Frères musulmans et des Iraniens. C’est une utilisation des recettes d’une entreprise à des fins de propagande politique.”
Ce journaliste “qui a l’habitude d’aboyer au service des Saoudiens attaque-t-il la compagnie en question ou le Koweït ?” lui rétorque une blogueuse koweïtienne sur Twitter.
Le clip, qui aborde de nombreux sujets épineux en matière de relations internationales, n’a pas fini de faire parler de lui dans les États du Golfe.
Avec Courrier International