Le président du Parlement Nabih Berri, un allié du Hezbollah âgé de 80 ans, a été réélu pour un sixième mandat par les députés de la nouvelle assemblée, un record de longévité dans le monde arabe.
Figure inamovible sur la scène parlementaire et politique libanaise, M. Berri, en poste depuis 26 ans, a été sans surprise reconduit pour quatre ans, par 98 voix pour (sur 128), 29 bulletins blancs et un vote annulé.
Né en Sierra Leone en 1938, cet avocat, diplômé de droit en 1963, a fait son entrée en politique en rejoignant dans les années 1970 Amal, « mouvement des déshérités » fondé par l’imam charismatique Sayed Moussa Sadr.
Ce mouvement qu’il dirige depuis 1980 forme avec son allié le Hezbollah un puissant « tandem chiite » ayant raflé, lors des récentes élections, 26 des 27 sièges dévolus à cette communauté au sein de l’Assemblée, qui compte 128 élus.
Il est à noter que toutes les parties et les personnalités politiques, à l’exception des Forces Libanaises, parti de Samir Geagea, étaient unanimes à la reconduction de M.Berri à la tête du parlement.
Election de Ferzli, un revers pour l’Arabie
Quant à l’élection du vice-président du parlement, 80 députés des 128 ont choisi le candidat du CPL (parti du chef de l’Etat Michel Aoun) Elie Ferzli à la tête de ce poste.
L’Arabie a exercé des pressions sur le courant du Futur pour qu’il soutienne le candidat des Forces Libanaises, Anis Nassar, au poste du vice-président.
Pour certains observateurs libanais, les résultats de ces élections constituent un nouveau revers au projet saoudien qui s’était attelé pour exacerber les divisions au sein des chrétiens et former une nouvelle coalition entre les forces du 14 mars face à l’alliance établie entre les Hezbollah, le CPL, le mouvement Amal et leurs alliés.
Le Liban est régi par un système complexe de partage des pouvoirs entre les différentes communautés religieuses: le président est nécessairement chrétien, le Premier ministre musulman sunnite et le président du Parlement musulman chiite.
Le pays a tenu le 6 mai ses premières élections législatives depuis 2009, après trois prorogations par l’Assemblée sortante, pour des raisons de sécurité liées au conflit en Syrie, mais aussi à des divisions sur la loi électorale.
Ce scrutin a été marqué par la consolidation de l’influence du Hezbollah.
Le Courant du Futur du Premier ministre Saad Hariri a perdu, quant à lui, le tiers de ses sièges. Il dispose désormais de 21 députés, contre 33 sièges dans le Parlement sortant.
Le courant politique du chef de l’Etat, Michel Aoun, a remporté 29 sièges, ce qui en fait désormais le bloc le plus important du nouvel hémicycle.
Le président Aoun devra procéder à des consultations parlementaires contraignantes, au lendemain de la séance plénière de mercredi, pour désigner le Premier ministre. M. Hariri devrait être reconduit en dépit de son revers électoral.
AlManar + AFP