La conférence organisée par l’ONG iranienne New Horizon, qui s’est tenue du 12 au 18 mai 2018 dans la ville sainte de Mashhad, capitale du Khorasan iranien, avait pour thème : « Jérusalem-Al Qods, la capitale éternelle de la Palestine ».
Actualité oblige, il n’y a pas seulement été question du transfert de l’ambassade US à Jérusalem ou du retrait des Etats-Unis de l’accord sur le nucléaire P5+1, dit JPCOA, mais aussi des massacres de manifestants gazaouis par l’armée israélienne, de la personnalité de Donald Trump et de John Bolton, et des desseins de leur entourage néoconservateur et chrétien-sioniste.
Une cinquantaine de personnalités étrangères avait été invitée – des Européens, des Asiatiques et de nombreux Etasuniens – parmi lesquelles des géopolitologues, des hommes politiques, des analystes indépendants, des journalistes d’investigation, des religieux catholique et juif, et plusieurs activistes anti-impérialistes et antisionistes.
Vers une 3ème guerre mondiale ?
Les interventions du russe Alexandre Douguine, personnage au charisme étonnant – qui aurait (ou a eu) ses entrées au Kremlin -, et dont la pensée irrigue les cercles néo-eurasistes, furent très écoutées. Elles mériteraient d’être publiées.
Alexandre Douguine constate que les Etats-Unis, refusant le déclin, n’acceptent pas de relâcher leur emprise sur la marche du monde. L’hyperpuissance va tout faire, dit-il, pour maintenir, ici ou là, un semblant de suprématie. En vain…
La période historique dans laquelle nous sommes entrés – charnière entre un monde unipolaire et multipolaire – sera de ce fait lourde de menaces pour la paix. Elle l’est déjà en Syrie. L’Iran est visé. La Russie et le Chine aussi. Une 3ème guerre mondiale devient possible.
Déclarations explosives
On ne peut citer les interventions de tous les participants. Sans doute, les verra-t-on sur You Tube. Retenons celle de Philip Giraldi, dix ans analyste à la CIA, qui explique le transfert de l’ambassade US à Jérusalem par les promesses faites par Trump aux très riches milliardaires juifs sionistes qui ont financé sa campagne – Sheldon Adelson, Bernard Marcus, Paul Singer – et dont il aura besoin pour soutenir son éventuelle réélection.
Retenons aussi les déclarations pour le moins explosives de Scott Bennett – ancien membre des Forces spéciales US et de l’administration GW Bush, spécialiste des psy-ops – qui accuse carrément la CIA d’avoir financé ISIS (Daech) via des banques suisses.
Un des discours les plus saisissants fut celui prononcé à tue-tête par David Weiss, rabbin de la secte juive Naturei Karta, pour condamner l’idéologie sioniste et la création d’Israël. Personne ne s’était rendu compte que nous étions un samedi – jour de Shabbat -, qu’il était interdit à un juif orthodoxe pratiquant de parler dans un micro, appareil fonctionnant à l’électricité.
Eclairages iraniens
Nader Talebzadeh et Reza Montazami qui dirigent l’ONG New Horizon, et l’hodjatolislam Alireza Panahian, apportèrent l’éclairage iranien attendu sur la situation proche-orientale et mondiale, mais qui, sur le fond, ne différait pas de celui exprimé par la majorité des intervenants.
La séance de clôture de la conférence de Mashhad, fut présidée par l’ayatollah Ibrahim Raïssi, directeur d’Astan Quds Razavi, l’ONG caritative administrant le sanctuaire de l’Imam Reza.
Bien que candidat malheureux à la dernière présidentielle contre Hassan Rohani, Ibrahim Raïssi pourrait un jour succéder Ali Khameneï comme Guide suprême de la Révolution islamique. Ses critiques sur la mauvaise gouvernance de son concurrent se sont révélées prémonitoires.
Organiser une conférence sur des thèmes aussi sensibles relevait de la gageure. Hamed Ghashghavi, infatigable coordonnateur de l’initiative, s’en est tiré admirablement bien. Chapeau !
Par Gilles Munier
Source : France Irak Actualité