Les affrontements entre la Turquie et les forces kurdes soutenues par les Etats-Unis en Syrie sont « inacceptables », a annoncé le Pentagone américain, appelant toutes les parties à « cesser » les combats.
« Nous suivons de près les informations faisant état de combats (…) entre les forces armées turques, des groupes de l’opposition (pro-Ankara, ndlr) et des unités affiliées aux Forces syriennes démocratiques (FDS) », a annoncé le Pentagone dans un communiqué obtenu par l’AFP lundi.
Il se référait aux FDS, une milice soutenue par Washington, formée dans sa majeure partie d’éléments kurdes appartenant aux Unités de protection du peuple kurde, ainsi que des miliciens arabes. selon al-Akhbar, elle compte dans ses rangs des miliciens turcomans regroupés dans la brigade des Seljukides, plutôt proches des Turcs, ainsi qu’une unité Jaïsh al-Souaar, qui entretient de bonnes relations ave l’Arabie saoudite.
« Nous voulons clarifier que ces combats sont inacceptables et suscitent notre profonde inquiétude », dénonce le texte du Pentagone.
Des combats inédits avaient éclaté la semaine dernière entre forces turques et combattants alliés aux Kurdes, quelques jours après le lancement par Ankara d’une offensive d’envergure dans le nord syrien, baptisée « Bouclier de l’Euphrate », et dont le but officiel est de viser à la fois la milice wahhabite takfiriste Daesh (Etat islamique-EI) et les forces autonomistes kurdes.
Les combats se concentrent au sud de la ville syrienne de Jarablos, prise mercredi dernier par les miliciens pro-Ankara. « L’EI n’est pas présent au sud de Jarablos », fait remarquer le Pentagone.
« Les Etats-Unis ne sont pas impliqués dans ces activités (…) nous ne les soutenons pas », a-t-il affirmé encore, appelant « toutes les parties armées à cesser (le combat) ».
25 miliciens kurdes tués
Par la voix de leur co-présidente, Ilham Ahmad, les FDS se sont plaints de la présence à Jarablos de quelque 50 véhicules blindés turcs, soutenus par les avions turcs. Dimanche, les milices soutenues par la Turquie se sont emparées de deux villages contrôlés par les FDS dans la province nord d’Alep. L’Agence turque Anatolie a fait état de la mort de 25 miliciens kurdes au nord de la Syrie.
ALors que les sources kurdes assurent que les avions turcs ont bombardé pour la première fois des bâtiments résidentiels dans une région qu’il était convenu qu’elle serait épargnée, car il s’agit de village destinés a abriter les déplacés.
« 37 martyrs est le bilan de massacres perpétrés à Srisate et bir al-Koussa, et le chiffre est à la hausse car il y a des personnes grièvement blessées », ont-elles ajouté.
La résistance à l’occupation turque
Face à cette offensive, les FDS ont lancé le projet de la Résistance kurdo-syrienne contre l’occupation turque. « C’est une résistance syrienne formée dans sa majorité d’une composante kurde. Mais elle comprend aussi des groupes à l’instar des « Brigades Chams al-Chamal (soleil du nord), Brigades des Seljukides, Jaïsh al-Souaar , brigade du nord démocratique », a indiqué Rizane Heddo, le membre du Conseil d’une Syrie démocratique, branche politique des FDS.
Interrogé sur les récents évènements de Hassaké où les milices kurdes ont ouvert le feu contre les soldats réguliers et ont tenté de les déloger des quartiers qu’ils contrôlent dans la ville, Heddo a reconnu qu’il s’agissait d’une « grave erreur »
« L’armée syrienne et les unités kurdes sont les seules forces syriennes qui combattent réellement le terrorisme », a-t-i ajouté.
Il a toutefois précisé que jusqu’à présent, aucun contact n’a été entamé de la part des FDS en direction de Damas.
Les USA: laisser attiser le feu
Selon le journal libanais, le rôle des Etats-Unis dans l’offensive turque vers le nord syrien demeure une grande inconnue, quoiqu’ils aient semblé lui accorder leur soutien.
Il se peut que les Américains « veuillent laisser attiser le feu du conflit, surtout après avoir pressenti une forte tendance turque de coopérer avec Moscou et Téhéran et d’une certaine façon avec Damas », estime le quotidien, selon lequel de plus en plus d’information font état de contacts sécuritaires à haut niveau entre des responsables turcs et syriens.
Force est de constater que Damas s’est contenté de critiquer l’offensive turque sans pour autant porter plainte auprès du Conseil de sécurité.
« Sans oublier que les FDS entretiennent des liens étroits avec les USA, tout en gardant une fenêtre ouverte sur les Russes ainsi qu’une petite lucarne avec Damas », ajoute-t-il, dans son analyse de la position des USA.
Sources: AFP, al-AKhbar, al-Manar