Les relations mouvementées entre Donald Trump et Kim Jong Un ont pris ces derniers mois une tournure inattendue et spectaculaire se concrétisant par la tenue, mardi à Singapour, d’un sommet historique entre les dirigeants américain et nord-coréen.
Menaces nucléaires
Le 2 janvier 2017, avant même sa prise de fonction, le nouveau président américain affirme que la Corée du Nord ne sera jamais en mesure de développer une « arme nucléaire capable d’atteindre le territoire américain ».
L’option diplomatique semble d’abord être de mise: en mai 2017, Donald Trump se dit prêt à rencontrer le dirigeant nord-coréen. « Si les conditions étaient réunies pour que je rencontre (Kim Jong Un), je le ferais, absolument. Je serais honoré de le faire ».
Mais pendant l’été, Pyongyang procède à deux tirs de missile intercontinental, Kim assurant que « tout le territoire américain est à notre portée ». S’en suit une crise entre les deux pays, notamment marquée par des sanctions financières américaines et la promesse de M. Trump de répondre avec « le feu et la colère » à toute attaque nord-coréenne.
Les Nord-Coréens répliquent en réalisant leur sixième essai nucléaire, après lequel ils affirment avoir testé une bombe H.
Insultes personnelles
La rhétorique belliqueuse des deux dirigeants a rapidement pris une tournure personnelle très agressive.
Devant l’Assemblée générale des Nations unies en septembre, M. Trump qualifie M. Kim de « petit homme-fusée ». Deux jours plus tard, le Nord-Coréen lui répond: « Je disciplinerai par le feu le gâteux américain mentalement dérangé ».
En novembre, M. Trump parle de « chiot malade » pour désigner son antagoniste, avant de se vanter, début 2018, de la taille de son bouton nucléaire: « Informez-le que moi aussi j’ai un bouton nucléaire, mais il est beaucoup plus gros et plus puissant que le sien, et il fonctionne! ».
Otto Warmbier « torturé »
En septembre 2017, l’ancien magnat de l’immobilier accuse Pyongyang d’avoir « torturé au-delà de l’imaginable » Otto Warmbier. Cet étudiant américain, emprisonné en Corée du Nord en janvier 2016, avait été rendu aux Américains dans le coma en juin 2017 et est décédé une semaine plus tard.
Washington décide alors d’interdire à ses ressortissants de se rendre en Corée du Nord et de remettre le pays sur sa liste des Etats soutenant le terrorisme.
Tournant olympique
Le 1er janvier 2018, Kim Jong Un se déclare prêt à envoyer une délégation aux Jeux Olympiques d’hiver en Corée du Sud. En février, lors des JO de Pyeongchang, les deux Corées se rapprochent: symboliquement, en défilant ensemble lors de la cérémonie d’ouverture, et diplomatiquement, puisque des émissaires des deux pays se rencontrent.
Le 8 mars, le président américain crée une immense surprise en acceptant une invitation à se rencontrer de Kim Jong Un, transmise par la Corée du Sud.
Et il met à son crédit la détente olympique : « sans moi (…) les jeux Olympiques auraient été un échec, et au lieu de cela ça a été un grand succès », déclare-t-il.
Visite surprise de Pompeo
En sa qualité de directeur de la CIA, et avant de prendre la tête de la diplomatie américaine, Mike Pompeo se rend à Pyongyang pendant le week-end de Pâques pour rencontrer Kim.
Le 8 mai, M. Trump révèle que son nouveau secrétaire d’Etat est à nouveau en route pour la Corée du Nord. Celui-ci s’entretient encore une fois avec le dirigeant nord-coréen et revient aux Etats-Unis avec trois anciens prisonniers américains dont Washington réclamait la libération.
« Rencontre fantastique »
Prévu le 12 juin, le sommet de Singapour est d’abord annulé par Donald Trump, dans une lettre à Kim le 24 mai: « J’estime qu’il n’est pas opportun, à ce stade, de maintenir cette rencontre prévue depuis longtemps ».
Nouveau rebondissement lorsque Trump soulignant le « brillant potentiel » de Pyongyang confirme le 27 mai qu’une équipe américaine se trouve en Corée du Nord pour préparer sa rencontre avec Kim.
Le 12 juin, la poignée de mains entre les deux chefs d’Etat est retransmise en direct dans le monde entier. Le leader nord-coréen salue un « sommet historique », Donald Trump évoque « une rencontre fantastique » qui a permis « beaucoup de progrès ».
Les deux hommes signent un document conjoint dans lequel Pyongyang affirme son engagement pour une « dénucléarisation complète de la péninsule coréenne », tandis que Washington promet « des garanties de sécurité » à la Corée du Nord.
Source: AFP