Des parlementaires irakiens ont exigé des États-Unis des explications après la mort de 22 de leurs combattants dans une frappe portée contre une zone frontalière avec la Syrie. En réponse, Washington a montré patte blanche en affirmant que l’attaque aurait pu être l’œuvre d’ « Israël ».
Dans ce contexte, les Etats-Unis « ont des raisons de croire » que c’est « Israël » qui a mené dimanche soir des frappes nocturnes contre une force paramilitaire irakienne près d’al-Hari, dans dans la ville d’Abou Kamal, à l’est de la Syrie, a-t-on appris lundi auprès d’un responsable américain.
« Nous avons des raisons de croire qu’il s’agissait d’une frappe israélienne », a indiqué à l’AFP ce responsable ayant requis l’anonymat.
Les Etats-Unis ont démenti avoir bombardé à proximité de la frontière irakienne des positions des unités du Hachd al-Chaabi, supplétif crucial de l’armée irakienne dans la lutte contre le groupe takfiro-wahhabite Daesh.
« Cette frappe n’a pas été menée par les Etats-Unis ou la coalition », a indiqué un porte-parole du Pentagone, Eric Pahon.
Or les unités du Hachd ont accusé les forces américaines d’avoir tué 22 de leurs combattants et en avoir blessé 12 autres dans ces raids frontaliers.
Les corps de trois combattants irakiens tués dans l’est syrien ont été rapatriés lundi en Irak pour y être inhumés.
Ils combattaient au sein du mouvement « Kataëb Hezbollah ».
Or selon une source irakienne sur le terrain, c’est l’aviation américaine qui a ciblé une base d’un groupe de la Résistance islamique d’Irak dans la ville d’Abou Kamal, rapporte le site iranien francophone PressTV.
Dimanche à 22h (heure locale), un chasseur américain a largué deux missiles téléguidés sur une base des 45e et 46e divisions des Hachd al-Chaabi qui ont pour mission de protéger la frontière avec la Syrie.
Un comité d’enquête a été chargé d’examiner la cause et les détails de l’attaque et de remettre un rapport au chef d’état-major des forces armées irakiennes et Premier ministre, Haïder al-Abadi.
Les raisons de l’attaque US à Abou Kamal
Cette nouvelle attaque est survenue alors que la Force conjointe syro-irakienne a déjoué les agissements de Daech à Abou Kamal, dans le sud-est de la Syrie, située près des frontières avec l’Irak.
Cette région longeant Deir ez-Zor jusqu’à Hassaké sous contrôle kurde est dominée par Daech. Les Etats-Unis y possèdent des bases militaires.
Les ressources pétrolières et gazières de Deir ez-Zor sont une source de convoitise. Les Etats-Unis cherchent donc à endiguer l’avancée des forces syriennes vers l’est et le nord de la Syrie. Les moyens qu’ils utilisent pour arriver à leurs fins sont d’ordre pratique: armer les forces kurdes qui opèrent sous leur commandement et bombarder les positions de l’armée syrienne.
À la frontière entre l’Irak et la Syrie, au passage frontalier d’al-Tanf, les Etats-Unis disposent d’une autre base militaire où ils forment et organisent des groupes rebelles.
Un peu plus bas, dans le sud de la Syrie, des organisations terroristes comme le Front al-Nosra sont présents à Deraa et Quneitra, à la frontière du Golan occupé avec les territoires palestiniens, et agissent en coordination avec les États-Unis et Israël contre le gouvernement de Damas.
Par ailleurs, les frappes aériennes du régime israélien sur ces zones sont sporadiques.
Il semble que les États-Unis et le régime d’Israël poursuivent en commun trois objectifs :
1- empêcher l’armée syrienne d’accéder aux ressources pétrolières et gazières de la région de Deir ez-Zor.
2- démembrer la Syrie.
3- empêcher la connexion des forces de résistance.
Avec la défaite de Daech en Irak et en Syrie, les États-Unis n’ont aucune raison de prolonger leur présence dans ces pays. Mais la poursuite de leurs opérations aériennes dans le cadre de la prétendue lutte anti-Daech est à considérer comme un ticket retour en Syrie.
Les responsables américains s’inquiètent de la création d’un corridor terrestre contigu de l’Iran à la Syrie et au Liban, via l’Irak, selon The Washington Post.
Sous la supervision de l’armée syrienne et ses forces alliées, les terroristes seraient traqués jusqu’à Deir ez-Zor, un des derniers bastions de Daech en Syrie.
Washington remue ciel et terre pour garder en vie le groupe Daech. Selon un rapport de l’Associated Press du 10 juin, le porte-parole du ministère russe de la Défense, Igor Konachenkov, a déclaré qu’il y avait un risque d’affronter Daech seulement dans les régions sous contrôle américain.
« L’expansion de Daech en Syrie est due à l’inertie des États-Unis et de leur coalition. Daech a rapidement dominé les champs pétrolifères dans l’est de la Syrie et est parvenu à générer des revenus réguliers grâce à la vente de produits pétroliers. La plupart des armes fournies par les Américains à l’opposition syrienne et aux groupes armés finissent entre les mains de Daech et du Front al-Nosra », a-t-il ajouté.
Le seul moyen qui reste pour mettre fin au terrorisme et contenir les pertes humaines au sein des Hachd al-Chaabi et de l’armée syrienne est le retrait de l’armée américaine de la région. Faute de quoi, les agressions contre les positions des forces de résistance pourraient prendre des proportions inconsidérées.
Source: Médias