L’administration de Donald Trump a annoncé que les USA se retiraient du Conseil des droits de l’homme de l’Onu (CDH). Cette décision s’inscrit dans la ligne générale du locataire de la Maison blanche visant à réduire la contribution des États-Unis à l’activité des structures de l’Onu.
Les Américains ont déjà significativement réduit le financement de plusieurs agences et projets et ont quitté l’Unesco, également en partie à cause de sa position par rapport à Israël, écrit mercredi le quotidien Kommersant. La décision actuelle de se retirer du CDH n’est pas une surprise. Donald Trump l’avait déjà critiqué à de nombreuses reprises, notamment pour la position de la plupart de ses membres concernant Israël.
Formellement, la décision de se retirer du CDH a été prise après plusieurs résolutions adoptées dernièrement au sujet d’Israël. En particulier, le 18 mai, le conseil a décidé d’«envoyer d’urgence une commission internationale indépendante pour enquêter sur les violations du droit humanitaire international et des droits de l’homme sur les territoires palestiniens occupés, notamment à Jérusalem-Est». Cette décision a fait suite aux événements dans la bande de Gaza où, depuis le 30 mars, des dizaines de Palestiniens ont été tués dans des affrontements avec des soldats israéliens. Ces altercations avaient commencé à cause du déménagement de l’ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem.
Mais l’affaire ne se limite pas aux différends autour d’Israël. La politique migratoire de Donald Trump a constitué un autre facteur irritant. «Si vous faites illégalement entrer un enfant sur le territoire américain, vous devrez répondre devant la justice et cet enfant sera séparé de vous, comme l’exige la loi», avait déclaré en mai le ministre de la Justice Jeff Sessions en s’adressant aux réfugiés potentiels. Et cette menace a été appliquée: en six semaines, entre avril et mai, près de 2.000 enfants ont été séparés de leurs parents qui avaient tenté de franchir illégalement la frontière américaine. Cette pratique de séparation des familles a suscité le mécontentement de nombreux pays.
Plus tôt, Donald Trump avait critiqué la séparation des familles de migrants clandestins et évoqué la nécessité d’une réforme migratoire. De tels projets de loi sont actuellement à l’étude au Congrès et désormais, ces décisions seront prises sans tenir compte de l’avis du CDH.
Les organisations des droits de l’homme ont immédiatement réagi à la décision de Donald Trump. «Le CDH a joué un rôle important dans le règlement des problèmes relatifs aux pays comme la Corée du Nord, la Syrie, la Birmanie et le Soudan du Sud. Mais tout ce qui préoccupe Trump, c’est la défense des intérêts d’Israël!», s’est indigné le directeur exécutif de Human Rights Watch Kenneth Roth. Selon lui, pour Donald Trump, «la protection des abus d’Israël contre toute critique prévaut sur tout le reste».
«Nous croyons que le CDH doit être renforcé et recevoir un soutien, notamment par la participation à son activité de tous les pays conformément à leurs engagements internationaux. La décision des USA n’est ni sans précédent ni inattendue compte tenu de la position actuelle de l’administration américaine. Le CDH survivra à cela. Mais il est regrettable qu’au lieu de renforcer les institutions internationales, les USA tournent le dos à un système qu’ils avaient contribué à créer», a déclaré le représentant de Front Line Defenders Adam Shapiro.
«C’est loin d’être la décision la plus raisonnable. Elle place les USA dans une position défavorable du point de vue de l’image — je dirais même stupide», estime Sergueï Orjonikidze, ancien secrétaire général adjoint de l’Onu et président du Conseil public russe pour la coopération internationale et la diplomatie publique. Et d’ajouter: «Quand quelque chose ne leur plaît pas, ils claquent simplement la porte. Et ces derniers temps, cela arrive de plus en plus souvent.»
Source: Sputnik