Le journal libanais Al Akhbar revient sur les possibles conséquences des frappes américano-israéliennes du lundi 18 juin contre les positions des Hachd al-Chaabi à Abou Kamal, sur les frontières syro-irakiennes.
Pour le journal libanais, en frappant les positions des Hachd al-Chaabi, Israël a pris de très gros risques sans être sûr d’être payé de retour.
« En prenant pour cible les forces des Hachd al-Chaabi à Abou Kamal, Israël s’est placé dans une situation fort complexe et aux conséquences imprévisibles », écrit le journal, avant de poursuivre : « Cette frappe que les Américains refusent de revendiquer, sans doute pour en éviter les contrecoups, prouve à quel point les dirigeants sionistes manquent de vision stratégique. »
Car personne ne peut croire qu’Israël ait agi contre les Hachd irakiens sans le feu vert préalable des États-Unis.
Plaçant la barre de ses exigences au-dessus de ses moyens, Israël a tenté une percée stratégique qui, toute raison gardée, risque bien de tourner court. En effet, Tel-Aviv est sur le point de changer le paradigme d’un conflit à acteurs multiples pour en faire un conflit plus centralisé qui l’engagerait dans un face-à-face avec le camp de la Résistance.
Or peu importe si Tel-Aviv s’en prend à l’armée syrienne, au Hezbollah ou aux Hachd al Chaabi, les objectifs qu’il s’est fixés sont géographiquement et géostratégiquement irréalisables. Pourquoi ?
L’attaque de drones du 18 juin contre une base des Hachd al-Chaabi près des frontières avec l’Irak ne pourra couper le « corridor pro-iranien », du moment qu’elle ne fera pas partie d’une série de frappes menées de façon récurrente.
Or en présence d’une Russie activement engagée aux côtés de l’armée syrienne, cette perspective est impossible à réaliser, à moins que l’axe USA/Israël veuille une guerre totale en Syrie.
À cela s’ajoute également une proximité géographique irako-syrienne, génératrice d’une convergence naturelle au sein de l’axe de la Résistance, contre laquelle ni Israël ni l’Amérique ne peuvent rien.
De surcroît, la réaction des forces irakiennes au raid du 18 juin devrait être autrement alarmante pour Tel-Aviv. En effet, les brigades visées par l’attaque de drones du lundi, qui aurait été pilotée depuis la base US à al-Tanf, n’entendent guère rester les bras croisés et subir l’agression américano-israélienne sans y riposter.
Dans un communiqué publié dans les heures suivant l’attaque, le Hezbollah d’Irak n’a pas écarté la possibilité que cette frappe soit le prélude à une vaste guerre opposant l’axe de la Résistance dans sa totalité aux projets israélo-américains dans la région.
Les États-Unis disposent de 6 000 soldats en Irak, qui pourraient quitter le pays si un conflit majeur venait à éclater. Mais Israël, peut-il en faire autant ?
Quelques heures après l’attaque US à Abou Kamal, qui a coûté la vie à des dizaines de combattants des Hachd, les USA ont annoncé ignorer son origine, laissant supposer que c’était bien Israël le responsable.
Frappé d’une totale cécité stratégique, Tel-Aviv n’a pas démenti, poussant les analystes à se poser la question suivante : Israël est-il suffisamment fort pour payer seul le prix des erreurs à répétition des stratèges américains ? Croit-il réellement à l’efficacité d’un appui saoudo-jordanien si une guerre venait à éclater entre lui et l’axe de la Résistance ? La réponse reste ouverte.
Source: PressTV