La commission ministérielle de l’occupation israélienne a adopté dimanche un projet de loi visant à interdire aux muezzins l’utilisation de haut-parleurs pour appeler à la prière musulmane. Prétexte avancé: « nuisance sonore inutile qui importune les colonies » de l’occupation.
Ce texte, élaboré par des députés du Foyer juif, doit être voté en trois lectures par le Parlement avant d’être appliqué.
L’appel à la prière, ou « Adhan », est habituellement lancé depuis un minaret à l’aide de haut-parleurs cinq fois par jour.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a exprimé dimanche son soutien à ce projet.
« Je ne peux pas compter le nombre de fois où des citoyens se sont adressés à moi (…) pour se plaindre du bruit et des souffrances causés par le bruit excessif des appels » à la prière, a prétendu Netanyahu lors du conseil des ministres.
Ce projet de loi doit également s’appliquer à l’Est de la ville sainte d’AlQuds (Jérusalem occupée) où vivent plus de 300.000 Palestiniens.
L’ONG Israel Democracy Institute s’est prononcée contre le projet de loi, accusant des politiciens de droite d’exploiter dangereusement ce dossier pour gagner quelques points dans l’opinion publique.
Une provocation dangereuse pour les musulmans
Le mouvement palestinien Hamas a qualifié de « dangereux », le projet israélien, a rapporté l’agence turque Anatolie.
Et d’ajouter: « l’interdiction du ‘Adhan’ est une provocation flagrante des sentiments des musulmans de par le monde et constitue une ingérence inacceptable dans les cultes religieux. Ce projet viole toutes les lois internationales qui garantissent la protection des lieux saints et du droit religieux ».
Le Hamas a en outre appelé la communauté internationale et les institutions de droit de l’Homme « à exercer les pressions nécessaires afin de mettre fin aux agressions et provocations visant les mosquées ».
« Les récentes mesures israéliennes vont mener à des catastrophes dans la région », s’est pour sa part alarmé Nabil Abou Roudeina, porte-parole de la présidence palestinienne.
« La direction palestinienne va se tourner vers le Conseil de sécurité de l’ONU et toutes les autres organisations internationales pour stopper ces mesures israéliennes », a affirmé M. Abou Roudeina, dénonçant des démarches « totalement inacceptables ».
De son côté, sur la radio publique palestinienne, le ministre des Affaires étrangères Ryad al-Malki a accusé le gouvernement israélien de chercher à « imposer des faits accomplis sur le terrain et créer de nouvelles réalités en légalisant les actions illégales qu’il commet ».
Ayman Odeh, chef de file de la liste arabe à la Knesset a lui aussi affirmé que « le gouvernement israélien s’attaque à l’appel à la prière, car il veut s’en prendre à toute présence arabe en général ». Le gouvernement israélien, qui a fait le choix du « nationalisme étroit » veut transformer « le conflit politique en conflit religieux », a-t-il encore dit.
Jeudi déjà, le président palestinien Mahmoud Abbas avait mis en garde: « Ils ne doivent pas interdire l’appel à la prière à AlQuds ‘Jérusalem occupée’ (…) il ne s’agit pas de religion, mais d’un conflit, de la colonisation et de la mainmise sur notre terre ».
Les colonies sauvages légalisées
Entre-temps, la commission ministérielle de l’occupation a adopté dimanche soir un projet de loi permettant de légaliser des colonies sauvages construites sur des terres privées palestiniennes en Cisjordanie occupée, a-t-on annoncé de sources parlementaires israéliennes.
Ce projet de loi controversé stipule que le gouvernement de l’occupation peut ordonner la confiscation de terrains appartenant à des propriétaires privés palestiniens en échange du versement d’indemnisations.
Ce texte pour être appliqué doit être voté en trois lectures par le Parlement et ne pas être abrogé par la Cour suprême.
Le projet de loi a été adopté dans un premier temps pour maintenir en place la colonie sauvage d’Amona. La Cour suprême avait ordonné l’évacuation de cette colonie installée près de Ramallah avant le 25 décembre.
Mais les durs de la coalition au pouvoir menés par Naftali Bennett, chef du Foyer juif, un parti nationaliste religieux partisan de la colonisation, sont parvenus à forcer la main au Premier ministre Benjamin Netanyahu.
Ce dernier a finalement voté pour le projet de loi légalisant des colonies sauvages après avoir lui-même mis en garde dimanche contre un probable rejet du projet de loi par la Cour suprême.
Hagit Ofran, une des dirigeantes de la Paix Maintenant, une ONG israélienne opposée à la colonisation, a dénoncé le vote.
« C’est une honte, le gouvernement soutient une loi qui va permettre de confisquer des terres privées palestiniennes pour construire des colonies », a-t-elle affirmé à l’AFP.
Selon les médias, le conseiller juridique du gouvernement, qui fait office de procureur général, Avichai Mandelblit, a mis en garde les ministres sur la possibilité que des plaintes soient déposées auprès de la Cour Pénale Internationale si ce projet de loi était adopté.
Aux yeux de la communauté internationale, toutes les colonies quels que soient leurs statuts juridiques du point de vue israélien, sont illégales.
Source: Divers