Le Premier ministre irakien Haider al-Abadi s’est dit mardi contraint à contrecœur d’appliquer les sanctions américaines contre son grand voisin iranien, arguant que son pays avait lui-même souffert de 12 ans d’embargo international.
« Nous ne soutenons pas les sanctions parce qu’elles sont une erreur stratégique, mais nous sommes contraints de les respecter », a-t-il déclaré lors de sa conférence de presse hebdomadaire.
« De manière générale, les sanctions sont injustes, c’est ma position et je l’ai énoncée », a-t-il souligné.
Dans le même temps toutefois, a-t-il poursuivi, « nous sommes attachés à protéger notre peuple et nos intérêts ».
Bagdad est allié à la fois de Washington –un allié stratégique dans la guerre qu’il a déclarée « finie » fin 2017 contre les jihadistes– et de Téhéran, puissance régionale.
L’Irak est le deuxième importateur de produits iraniens hors hydrocarbures pour une somme qui a représenté en 2017 quelques six milliards de dollars.
Les provinces irakiennes frontalières de l’Iran dépendent également en grande partie de la République islamique pour leur approvisionnement en électricité. Les entreprises privées iraniennes ont cependant récemment coupé le courant qui alimentait notamment la riche province pétrolière et côtière de Bassora, en raison d’importants impayés.
Les États-Unis ont rétabli unilatéralement de sévères sanctions économiques contre l’Iran, qui avaient été levées après l’accord historique sur le nucléaire conclu en 2015 avec les grandes puissances et dénoncé en mai par Donald Trump.
La première vague de sanctions américaines, qui ont pris effet mardi, vise les transactions financières et les importations de matières premières. Elle comprend également des mesures pénalisantes sur les achats dans le secteur automobile et l’aviation commerciale.
Elle sera suivie le 5 novembre d’une seconde série de mesures affectant le secteur pétrolier et gazier, vital pour le pays, ainsi que la Banque centrale.
Ces sanctions devraient peser lourdement sur une économie iranienne à la peine, qui souffre d’un taux de chômage élevé et d’une nette inflation. Le rial iranien a plongé, perdant près des deux tiers de sa valeur en six mois.
Source: Avec AFP