Le ministère yéménite de la Défense a fermement condamné le massacre commis, jeudi, par la coalition saoudo-US contre des enfants à Saada (nord du Yémen). « La coalition saoudo-US et ses mercenaires paieront cher sur le champ des batailles ces crimes lâches et condamnables par toutes les lois internationales », a promis le ministère de la Défense.
Mohammed Abdessalam, porte-parole du mouvement Ansarullah, a pour sa part déclaré que le comble de la décadence morale c’est que Riyad justifie son crime barbare et le juge légitime en prétendant avoir bombardé un bus transportant des missiles !
Le porte-parole du mouvement Ansarullah a ajouté que les propos du porte-parole de la coalition d’agression saoudienne pour justifier ce crime trahissaient un mépris manifeste pour la vie des civils.
Un bus transportant des écoliers de moins de 10 ans a été violemment bombardé au moment où il passait dans un marché, dans la région de Dahyane. 51 civils ont été liquidés et 79 autres blessés, dont une majorité d’enfants. 3 élèves sont toujours portés disparus. Un porte-parole du ministère de la Santé des Houthis a confirmé que le bilan était particulièrement lourd parce que l’attaque avait touché un marché fréquenté.
Un hôpital de la province de Saada soutenu par le CICR « a reçu les corps de 29 enfants âgés de moins de 15 ans et 48 blessés, dont 30 enfants », a annoncé l’organisation sur son compte Twitter. Un porte-parole du CICR dans la capitale Sanaa a averti que le bilan n’était pas définitif puisque les victimes ont été transportées dans des hôpitaux différents.
D’autres partis yéménites ont également condamné le crime saoudien, appelant la communauté internationale à mettre fin à son silence assourdissant face au massacre des civils par la coalition de Riyad.
Par ailleurs, l’hôpital al-Jomhouriyah de la ville de Saada a demandé l’aide des organisations internationales et sanitaires ainsi que des dons de sang de citoyens yéménites pour sauver les blessés.
Le monde a vraiment besoin de voir davantage d’enfants innocents tués ?
Selon l’ONG Save The Children, qui a condamné une « horrible attaque » et réclamé une enquête indépendante, les enfants ont été touchés alors qu’ils se trouvaient dans ce bus les ramenant à l’école après un pique-nique.
« De nouveau, de nombreux enfants auraient été tués ou blessés lorsqu’un bus scolaire a été attaqué dans le nord du Yémen. (…) Est-ce que le monde a vraiment besoin de voir davantage d’enfants innocents tués pour arrêter la guerre cruelle au Yémen? », a réagi le directeur du Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) pour le Moyen-Orient, Geert Cappelaere.
Une opération légitime, selon la coalition
La coalition a reconnu avoir mené une frappe aérienne qui a touché un bus mais soutient que celui-ci ne transportait pas des enfants mais des « combattants Houthis », a déclaré à l’AFP son porte-parole, Turki al-Maliki.
Sous commandement saoudien, la coalition a prétendu avoir mené une opération militaire « légitime » dans ce secteur rebelle.
Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a appelé à une enquête « indépendante », tandis que Washington a demandé à la coalition dirigée par l’Arabie saoudite une investigation « approfondie ».
Par ailleurs, le ministère iranien des Affaires étrangères a condamné par la voix de son porte-parole les récentes frappes aériennes de l’Arabie saoudite. Bahram Qassemi a compati avec les familles des victimes avant d’appeler les organisations internationales et humanitaires à empêcher la poursuite de tels crimes par les pays agresseurs.
L’Arabie saoudite et ses alliés ont lancé, en mars 2015, une vaste campagne militaire contre le Yémen, faisant jusqu’ici plus de 13 000 morts parmi les civils. L’offensive a très vite été renforcée par un blocus naval et terrestre. Israël apporte une aide logistique appuyé aux frappes saoudiennes.
La France complice
La France s’est aussi engagée aux côtés du régime tortionnaire de Ben Salmane contre le peuple yéménite. Fin juillet, la ministre française de la Défense, Françoise Parly, justifiait les ventes d’armes colossales à l’Arabie saoudite en ces termes. Elle affirmait que son ministère analysait ses contrats d’armements signés avec l’Arabie saoudite à trois niveaux : « le fait qu’un pays est impliqué dans un conflit ne suffit évidemment pas à justifier une décision. Il faut regarder comment les armes sont utilisées précisément. Ce travail d’examen relève de la Commission interministérielle pour l’étude des exportations de matériels de guerre (CIEEMG), qui réunit des représentants des ministères des Affaires étrangères, de l’Économie et des Armées.
Ses décisions doivent tenir compte du respect du droit à trois niveaux : le droit international, le droit européen et notre droit national », a expliqué Mme Parly avant d’ajouter : » La CIEEMG peut imposer des engagements aux pays qui achètent les armes, et elle se prononce notamment en fonction de critères humanitaires, du respect des traités internationaux et du respect des droits de l’homme », a-t-elle encore précisé.
Le crime commis ce jeudi par contre les enfants de Saada a eu lieu toutefois au mépris flagrant de ces trois principes.
AlMasirah + PressTV + AFP